Très chère Coupe du monde des clubs !

Le Maroc a dû sortir son chéquier pour accueillir la Coupe du monde des clubs. L’Observateur du Maroc fait le compte des dépenses, mais aussi des recettes.

Le Maroc gagne en visibilité et perd en trésorerie. C’est ce qui ressort de la lecture des dépenses et des prévisions de recettes pour cette compétition. Dès l’attribution des deux éditions au Maroc en 2011, le Royaume a dû signer un chèque de caution de 40 millions d’euros pour la FIFA. « La FIFA n’est pas le père Noël. Son but, c’est de gagner de l’argent. Elle nous a vendu une compétition au prix fort », tranche Zaki Lahbabi, directeur général de Transatlas Sport Management (TSM). Du côté des organisateurs marocains, on préfère insister sur le retour sur investissement en…images. C’est le principal argument avancé par Mohammed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des sports : « Qu’importe le coût de cet événement, nous avons l’obligation de réussir l’organisation de cette fête du football. C’est l’image du Maroc qui est en jeu ». Même son de cloche de Ali Fassi Fihri, président du Comité local d’organisation (LOC) : « En organisant cette compétition à deux reprises chez nous et en réussissant à nous acquitter de ce défi en parfaite adéquation avec son imposant cahier des charges, nous donnerons à la FIFA un signal très fort de nos capacités démontrées, en vue d’accueillir prochainement dans notre pays LA compétition reine, que nous rêvons de pouvoir offrir au peuple marocain, la Coupe du monde des nations ».

Le mirage allemand

Durant les deux ans de préparation de cette compétition, le Maroc a dû à chaque fois redoubler d’effort pour se conformer au cahier de charges fort exigeant de la FIFA. Pour réaliser les huit stades d’entraînement, tous équipés d’un système d’irrigation et d’éclairage, le Maroc a dû débourser

60 millions de DH, rapporte nos confrères du Matin. Selon la même source, 5 millions de DH ont été consacrés à l’acquisition du matériel sportif pour les deux stades, tels les poteaux de dernières générations permettant l’installation de la technologie sur la ligne de but et des passerelles pour évacuer le public en cas d’incidents. Le ministère de l’Intérieur a également contribué à hauteur de 60 millions de DH pour

embellir les villes d’Agadir et de Marrakech à quelques jours de la compétition. Au total, le Maroc a mis sur la table 525 millions de DH au minimum !

Quid des recettes ?

Grâce aux bons résultats du Raja, un engouement inédit autour de cette compétition s’est créé. La vente des tickets est au vert. Le business plan du LOC prévoyait un taux de remplissage de 75% pour les huit matchs, soit une recette de 100 millions de DH. La deuxième rubrique de recette est plus difficile à quantifier. Elle concerne le merchandising, la restauration et l’hôtellerie. Les organisateurs tablent sur 120 millions de DH. Selon des informations recueillies auprès des Centres régionaux du tourisme (CRT) d’Agadir et de Marrakech, le taux de remplissage est « satisfaisant ». Les chiffres des réservations s’annoncent positifs.

Le LOC avait annoncé que 100.000 spectateurs (75.000 Européens et 25.000 Sud-Américains) feront le déplacement pour assister à cette compétition et que 20.000 supporters du Bayern de Munich dépenseront en moyenne 800 dollars par personne. Ces estimations devront être vérifiées au fur et à mesure de la compétition. Pour l’heure, seuls les matchs du Raja ont affiché complet. En revanche, les deux autres matchs ont affiché un faible taux de présence. Lors de la première demi-finale opposant les Allemands du Bayer-Munich aux Chinois de Guangzhou Evergrande, 27.000 supporteurs seulement étaient présents. Là dedans, seulement 2.500 fans du Bayer ont fait le déplacement et 1500 pour les Chinois. On est loin, très loin des 20.000 supporters allemands promis par les organisateurs marocains.

L’autre source de recettes provient du chèque signé par les six sponsors locaux pour l’événement. En plus des sponsors FIFA, il y a six autres sponsors nationaux. Il s’agit de BMCE, OCP, ONMT, Sonarges et IAM. Ces sponsors ont déboursé 40 millions de DH. Malgré ces recettes, nombreux sont les observateurs qui estiment que le Maroc ne pourra pas rentabiliser son investissement de départ. « C’est très difficile d’être rentable. L’ardoise sera salée et des têtes vont tomber », prévoit Zaki Lahbabi.

Les organisateurs marocains de la Coupe du monde des clubs comptent sur la médiatisation du Maroc pour compenser le manque à gagner. L’étude de Capital consulting, commandée par le MJS, avait prédit cent reportages devant être diffusés sur 120 chaînes sportives à travers le monde sur cette compétition et sur « la destination Maroc ». Déjà, plus de 700 journalistes sont accrédités pour l’évènement. Karim Akkari du LOC estime que

« le plus important est de réussir cet événement et avoir un plus grand nombre de visiteurs et surtout de soigner l’image du Maroc »