Le sport, plus qu’une passion
Ahmed CHARAI

Le Raja de Casablanca était le petit poucet du Mondial des clubs, les supporters étaient d’autant plus sceptiques sur ses chances que l’équipe traversait une crise interne, son entraîneur ayant été congédié quelques jours seulement avant le début de la compétition. Mais à force de volonté, de rage de vaincre et, osons le mot, de patriotisme, les Verts ont pu réussir l’exploit. Le public présent, mais aussi de larges couches de citoyens ne s’y sont pas trompés et ont gratifié l’équipe d’une triomphale ovation. Partout au Maroc, de manière spontanée, des files de voitures se sont formées pour constituer des cortèges bruyants, parant d’un air de fête les grandes places et les corniches jusqu’au petit matin. Dans cette liesse, le drapeau national était le signe du rassemblement. Seul le sport en général et le football en particulier permettent cette communion, cette explosion de joie collective. Le public s’identifie à la combativité des joueurs et en fait une valeur commune, patriotique dont il fête l’aboutissement.

Les responsables politiques n’ont pas le droit de ne pas être à la hauteur de cet enjeu-là. La morosité ambiante fait des joies populaires un exutoire et ressoude la collectivité. Plusieurs commentateurs ont fait le parallèle : « Malgré les difficultés, si nos responsables mettaient autant d’envie, de coeur et de rage à l’ouvrage, ils y arriveraient ». Le sport national a prouvé à plusieurs reprises qu’il pouvait être à la hauteur des attentes et déclencher l’euphorie. Rappelonsnous les exploits des Aouita, Sekkah, Guerrouj, Nawal, de l’équipe nationale en 70, 76 et 86, et 2004. Maintenant le Raja le prouve aussi.

Et à chaque fois, les Marocains ont oublié les difficultés pour communier dans la fierté d’appartenir à cette NATION. Le rôle des responsables est de mettre en place des politiques qui permettent la multiplication de ces occasions en pérennisant le haut niveau. Or, ce n’est pas le cas. Personne ne sait quelle est la stratégie de l’exécutif à court, moyen et long terme, et encore moins quels en sont les objectifs. Le sport est une industrie qui peut créer des emplois, attirer des capitaux. Mais ses dividendes les plus inestimables ne sont pas quantifiables, parce que c’est une passion. Les grandes victoires se traduisent toujours par une adhésion populaire que n’offrent que les grands événements. Tous les pays l’ont compris, les responsables concernés n’ont pas le droit de continuer à agir comme ils le font aujourd’hui.