Des parents qui tuent POURQUOI ?

Tuer son propre enfant, voici un acte des plus incompréhensibles. Un vrai mystère ! Qu’est-ce qui pourrait pousser des pères et des mères à commettre l’irréparable contre leurs propres enfants ? On ne se donne même pas le temps de se poser cette question, tant l’acte aveugle est à la fois insoutenable et abominable. Mais c’est là une question qui doit être posée et à laquelle des réponses claires doivent être apportées pour éviter la reproduction de pareils actes. C’est donc cet exercice, difficile, de comprendre l’incompréhensible qu’a choisi de faire L’Observateur du Maroc à travers ce dossier.

Comment des parents, qui sont censés donner la vie, peuvent-ils basculer et en arriver à tuer leurs propres enfants ? Comment ces pères et ces mères peuvent-ils troquer leur rôle de protecteurs contre celui de meurtriers et commettent l’un des plus abominables crimes: l’infanticide ! Autant de questions qu’on se pose lorsqu’on voit le nombre grandissant des cas rapportés par les médias nationaux. Révolution médiatique aidant, chaque jour apporte son lot d’histoires sordides de pères violeurs, de mères tueuses et d’enfants privés de leur droit naturel à la vie.

Fin novembre, le quartier paisible de Sidi Maârouf à Casablanca est secoué par une immense déflagration. Le père d’une famille est mort avec ses deux filles dans un incendie qu’il a lui-même provoqué en débranchant le tuyau de la bonbonne de gaz de la cuisine avant de mettre le feu à son appartement. Né en 1973, l’homme est un chauffeur de taxi au chômage. Ayant de nombreux problèmes familiaux avec son épouse et ses beaux-parents, il décide de mettre fin à ses jours en emportant avec lui ses filles, âgées de cinq et trois ans. Une mort horrible que le tueur prendra soin d’annoncer à la mère avant de passer à l’acte: «Tu ne vas plus nous voir, ni moi ni mes filles !», aurait-il lancé avant de commettre son crime. Toujours à Sidi Maârouf, en juillet 2013, une pharmacienne âgée de 46 ans tue sa fille de 7 ans en la jetant du balcon de l’appartement familial. Cette mère a profité du sommeil de ses deux autres enfants pour faire croire à sa fille qu’elle va jouer avec elle. Un jeu sordide. Elle lui ligote les mains et les pieds, lui met un foulard sur les yeux et la jette par-dessus le balcon. L’enfant perd aussitôt la vie suite à de multiples fractures au niveau du crâne, des côtes et d’une grave hémorragie interne. Au bord de la faillite à cause de gros crédits, la mère a sombré dans une profonde dépression. Pour échapper à son calvaire, cette Médée des temps modernes commet l’irréparable. Son but était d’aller en prison pour échapper à ses créanciers. Un raisonnement qui en dit long sur l’ampleur du mal être de cette mère de famille qui était livrée à elle-même alors qu’elle sombrait dans sa folie meurtrière.

Autre récit aussi macabre et tout aussi choquant. C’est l’histoire de ce père violeur de Taroudant qui tue son enfant de 6 ans et jette son corps aux chiens. Avant d’en arriver là, ce père tueur profitait à chaque fois de l’absence de sa femme pour violer son fils. Le jour de son meurtre, l’enfant se révolte en refusant de céder aux pulsions de son géniteur et menace de tout dire à sa maman. C’est alors que le père violeur tue sa victime, l’enveloppe dans un sac et la jette aux chiens errants qui emplissent Oued Lwaâar. Rongée par l’inquiétude à cause de la disparition soudaine de son chérubin, la mère est intriguée par la passivité de son mari qui ne bouge pas le petit doigt. Une attitude louche qui mettra les fins limiers de la police à ses trousses pour ensuite le démasquer.

Des récits choquants qui déstabilisent car touchant aux valeurs primordiales du noyau familial et par extension de la société marocaine. Cette même société qui se targue d’être un exemple en terme de solidarité et d’attachement familial .

Crime et châtiment

Dans tout crime, la responsabilité du coupable est un facteur primordial dans la désignation et l’adéquation de son châtiment. Devant l’atrocité des meurtres perpétrés par des pères et des mères envers leurs propres enfants, une évaluation psychique des capacités mentales des parents meurtriers s’impose. Ceci afin de juger de leur responsabilité criminelle. D’après El Mounacifi, le système judicaire marocain dispose effectivement des « modalités qualifiées » pour ce faire, sauf que

« ça ne marche absolument pas. Les méthodes d’évaluation utilisées sont très anciennes. Nous accusons également un grand manque en personnel qualifié pour effectuer ce genre d’examen et de tests. », nous explique le criminologue qui dénonce par la même occasion le manque de moyens. Une carence qui fait que lors de la plupart des jugements, on oublie d’analyser chaque cas et de mesurer la responsabilité de tout un chacun par rapport aux actes commis. « Dans le système actuel, crime égale prison ou peine capitale. On n’en a cure de l’histoire du criminel ! », tranche le chercheur.