Un accord à l'OMC menacé par l'opposition de Cuba et ses alliés

Par Shawn Donnan à Nusa Dua,

Le sort du premier accord commercial mondial dans toute une génération a été menacé le 6 décembre, après l’opposition subite par Cuba étant insatisfaite à la suite du retrait d’une référence faite à l’embargo commercial américain de 53 ans sur l'île des Caraïbes.

L'Inde et les Etats-Unis ont réglé le même jour leurs divergences sur la façon de s’atteler à la question de la sécurité alimentaire, éliminant ce qui a été considéré comme principal obstacle à l’obtention d’un accord à Bali.

La majorité des ministres provenant des 159 membres de l'Organisation mondiale du commerce a soutenu l'accord, après quatre jours de négociations exténuantes. Les groupes d'entreprises ont salué la nouvelle qui ne fera que booster les échanges commerciaux annuels de 18 trillions dans le monde entier.

Mais l'opposition de Cuba, qui a été soutenue par le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua, a provoqué des tractions intenses qui se poursuivaient au beau milieu de la nuit de vendredi à samedi. De hauts responsables du commerce pensaient que ces objections pourraient être surmontées, mais la position de Cuba s’est plutôt endurcie au fil des heures.

Tandis que d'autres délégations ont invoqué « l'esprit de Nelson Mandela » dans leur soutien à un accord largement soutenu par les pays pauvres dans le monde, Cuba, a plutôt invoqué « l'esprit de Hugo Chávez » en se prononçant contre l'accord.

Un accord de Bali, le premier depuis la création de l'OMC en 1995, est perçu comme la dernière chance de relancer les négociations sur l'ouverture des échanges mondiaux, paralysées depuis leur lancement en 2001 à Doha, capitale du Qatar.

« C'est un événement marquant », a déclaré Anand Sharma, le ministre Indien du Commerce indien, au Financial Times, dans une interview, après la résolution de l’impasse américano-indienne. « Aujourd'hui, nous avons franchi une étape importante pour rectifier les distorsions historiques », a-t-il ajouté.

L'accord ne comprend qu'une infime partie d’un agenda plus large de Doha. Outre l’accord de « facilitation des échanges » visant la lutte contre la bureaucratie douanière, il ne contient que peu de mesures concrètes d'ouverture du marché.

Les ministres ont convenu que le cycle de Doha devrait finalement aboutir à la fin des subventions à l'exportation controversées pour les agriculteurs. Ils se sont engagés à œuvrer pour un accès durable, exempt de droits de douane et de quotas pour les produits des pays les plus pauvres du monde. Ils ont également regretté l’insuffisance des efforts visant l’ouverture des marchés du coton aux États-Unis, et ailleurs dans le monde riche, aux producteurs des pays pauvres, ce qui constitue depuis longtemps une pomme de discorde.

Au début du processus, il semblait que les pourparlers seraient sabotés par une bataille entre l'Inde, les Etats-Unis et l'UE sur la façon avec laquelle les règles de l'OMC devraient être appliquées aux programmes des gouvernements pour acheter des aliments de base des petits exploitants en vue de fournir de la nourriture aux pauvres.

Cependant, Roberto Azevedo, le Brésilien qui a pris la direction générale de l'OMC en septembre, a négocié un accord pour résoudre cette question.

La possibilité d’aboutir à un accord dans les prochains jours a été bien accueillie par des groupes d'entreprises. « Il y a beaucoup d'espoir au sein de la communauté des affaires à Bali pour qu’on parvienne à un accord. On prie aussi pour que les négociateurs saisissent cette opportunité », a déclaré Jake Colvin, lobbyiste du Conseil national du commerce extérieur, basé à Washington.