Critique de livre: Le combat pour la sécurité alimentaire dans un monde surpeuplé

Par Shawn Donnan

Nous vivons dans une époque où les imprimantes 3D peuvent cracher des repas, et où l’on peut cultiver des tonnes d’aubergines parfaitement moulées sous serres informatisées dans les contrées les plus lointaines. La génétique nous a offert la révolution verte et des céréales hybrides nourrissantes. L'ère de l’avion a permis une culture de tomates mûries sur pied à longueur d’année bien qu’elles puissent être insipides. L'Internet a doté les sites marchands online de plates-formes logistiques sophistiquées pour les empaqueter, les emballer et les livrer aux cuisines avec un minimum de tracas.

Pourtant, avec tous les progrès réalisés dans le secteur de l'alimentation, le souci principal de notre époque est le besoin croissant de terres pour cultiver notre maïs et y faire paître notre bétail. C'est pourquoi, les gouvernements et les grandes entreprises ont eu recours à l’espionnage des opportunités et de la vulnérabilité dans le but d’acquérir des terres dans tous les coins du monde entier, dans le sillage de la crise des prix des denrées alimentaires en 2007-08.

Cette course folle d’accaparement incessant des terres est l'objet de ce livre écrit par Stefano Liberti. Il a d'abord été publié en italien en 2011 et puis récemment traduit en anglais. Il nous emmène dans une tournée mondiale rocambolesque dans notre chaîne alimentaire, « de la ferme industrielle la plus avant-gardiste industrielle dans toute l'Afrique », (dans la vallée du Rift en Ethiopie) à la « République-Unie de soja » de l'Amérique latine en passant par l'Etat de l’Iowa, la ferme US obsédée par l'éthanol. Sur la route, nous faisons la rencontre des propriétaires fonciers, des populations locales déplacées, et surtout d’un jeune trader de Chicago qui nous confie où l’on peut faire de l’argent réel, même si les produits de base tels que le blé battent des records quotidiens dans les marchés céréaliers.

« En ce moment, les produits primaires sont en ébullition, mais cela ne durera pas éternellement », a-t-il déclaré à Liberti. « C'est certainement beaucoup plus sûr et plus rentable d'investir dans les terres ».

Au cours de sa tournée mondiale, Liberti pose une multitude de questions difficiles. Est-il juste que les gouvernements africains appauvris se bousculent pour offrir des terres à bas prix, ou même à titre gratuit aux cheikhs saoudiens et aux agronomes néerlandais qui exportent tout ce qu'ils cultivent vers les pays riches ? Peut-il y avoir une justification autre que politique au boom de la production américaine de l'éthanol ?

Devrions-nous laisser cinq grandes sociétés de négoce de matières premières dominer le marché de certaines céréales ? Ou des investisseurs financiers futés acheter des terrains dans le but d’obtenir des rendements colossaux ?

Liberti, journaliste italien qui écrit dans un journal de gauche Il Manifesto, porte un scepticisme indubitable qui l’a accompagné durant sa tournée. Ses réponses à ses propres questions sont peu susceptibles d'être les mêmes que celles que pourrait fournir le Financial Times dans ses éditoriaux. Néanmoins, ses questions doivent être posées et surtout de notre temps.

Parfois, on aimerait qu’il examine ces questions avec plus de profondeur dans son rapport. Sa visite à la Chambre de commerce de Chicago, par exemple, ressemblait plutôt à une visite guidée du bureau de presse. Il paraissait aussi parfois naïf lors de ses discussions autour des mécanismes et du fonctionnement de l'entreprise et des marchés financiers.

Il ne serait pas juste de rejeter ou condamner tous les investissements dans les terres agricoles et la création des exploitations modernes ces dernières années. Quand cela est fait dans les normes, l'afflux de capitaux émis dans les pays en développement pour acquérir des terres peut créer de l’emploi et aider à nourrir les populations locales défavorisées.

C’est tout simplement stupéfiant de voir l'existence de cette ferme « avant-gardiste » décriée par Liberti, où l’on cultive des légumes destinés à l'export vers l'Europe dans une Ethiopie autrefois accablée par la famine. Et pour comprendre pourquoi les gouvernements des pays tels que la Chine peuvent s'inquiéter au sujet de la sécurité alimentaire, il suffit de se rappeler, comme il l’a bien souligné, que c’était à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires que le printemps arabe a été enclenché.

Il y a eu, cependant, au moins un relent d'exploitation autour de certains contrats passés par des gouvernements et entreprises au cours des dernières années. Et on n’a pas besoin d’être un anticapitaliste convaincu pour froncer les sourcils quand Liberti passe en détails le contrôle des cinq grandes maisons de commerce sur le marché international des matières premières et une poignée de propriétaires fonciers qui contrôle les champs de soja dans l'état Matto Grosso au Brésil.

Plus important encore, il ne s’agit pas d’un problème qui va disparaître de sitôt. Selon les prévisions des Nations Unies, si les taux de fécondité restent globalement constants, la population mondiale sera estimée à 8 milliards à l’horizon 2025 et 11 milliards d’ici à 2050. De plus, nous vivons dans un monde où une classe moyenne croissante dans les économies émergentes consomme de plus en plus chaque année.

La technologie nous a, jusqu'ici, sauvés d'une catastrophe malthusienne. Mais ajoutons l'impact prévu du changement climatique à ce mix et il y aura certainement une multitude de raisons pour que les gouvernements s’inquiètent et que les investisseurs y prêtent une attention particulière. L'accaparement des terres sera sans doute de mise, et ce pour de nombreuses années à venir.

Liberti ne s’attarde pas beaucoup sur les prévisions. Son voyage couvre le désordre actuel. Mais dans ce qu'il découvre et documente sur sa tournée dans les rouages de notre chaîne alimentaire, il y a bien des leçons à tirer alors que nous nous préparons à affronter l’avenir.

Peu de temps après le discours de M. Osborne, la BCE a publié ses prévisions économiques pour la zone euro. Le rapport indique que l'inflation est susceptible de se maintenir en dessous de sa cible de près de 2% pour les deux prochaines années et que la croissance au sein du bloc à monnaie unique resterait faible.

La BCE a affirmé s'attendre que l'économie de la région se contracte de 0,4% cette année et à une croissance de seulement 1,1% en 2014.

La Banque centrale européenne prévoit une inflation de 1,4% cette année, de 1,1% en 2014 et 1,3% en 2015.

Le conseil des gouverneurs de la BCE a maintenu ses taux d'intérêt inchangés tandis que Mario Draghi, le président de la banque centrale, a donné peu d'indications sur l’intention des opérateurs des taux du bloc monétaire de stimuler l'économie.

Depuis la lecture de l'inflation en octobre de 0,7%, l'attention est concentrée sur la menace de déflation en zone euro.

M. Draghi a bien dit que le conseil a cru avoir peu de chance que la difficulté de la désinflation en zone euro annoncerait une ère de déflation prolongée un peu comme la

« décennie perdue » du Japon.

Le président de la BCE a souligné à plusieurs reprises que les anticipations d'inflation à moyen terme ont été « bien ancrées » autour de la cible de la banque centrale.

Richard Barwell de RBS a déclaré: « Le conseil continue à tirer un réconfort de la résilience des anticipations de l'inflation et du fait que si l’on exclut les produits aliments et l'énergie, l'inflation sous-jacente est plus robuste que le taux global ».