Des chiffres glaçants sur le harcèlement et les abus en ligne dans le monde
Plus de la moitiu00e9 des filles sont harcelu00e9s dans le monde via Internet.

 

Plus de la moitié des filles interrogées dans 22 pays à travers le monde affirment avoir été victimes de harcèlement et d’abus en ligne. 

 

Si vous êtes une fille, vous le savez déjà, sinon faites-vous passez pour une fille et vous le constaterez par vous-mêmes. Le harcèlement et les abus de tout genre sont devenus des actes quasi ordinaires dans le monde virtuel. C’est ce que confirme cette étude menée par l’organisation internationale de défense des droits de l’enfant Plan International Canada dans 22 pays. Ce travail s’appuie aussi sur des recherches menées sur le sujet dans 31 pays.

Le cas du Maroc n’a pas été analysé dans le cadre de cette enquête, publiée hier lundi 5 octobre 2020, mais le harcèlement et les abus contre les Marocaines sont légion. Leurs victimes ne cessent de s’en plaindre, en vain. En tout cas, les réponses des 14 000 filles âgées de 15 à 25 ans recueillis par les enquêteurs dans 22 pays sont largement représentatives de ce qu’il se passe dans le royaume et un peu partout dans le reste du monde.

Les différences régionales sont mineures, relèvent les auteurs du rapport final. Selon ce document, en Europe, 63% des filles ont signalé avoir subi des actes de harcèlement, contre 60 % en Amérique latine, 58 % dans la région Asie- Pacifique, 54 % en Afrique et 52 % en Amérique du Nord. Au-delà de ces pourcentages, cet indicateur suffit à lui seul pour montrer la gravité de la situation : une victime d’abus en ligne sur quatre se sent physiquement en danger.

 

Principaux constats

Les filles sont victimes de harcèlement pour la seule raison d’être de sexe féminin, et leur situation empire lorsqu’elles se risquent à parler de thèmes qui leur tiennent à cœur.

La race, la sexualité et le handicap sont d’autres motifs de harcèlement.

La victime ne se sent en sécurité nulle part et, pour beaucoup, le harcèlement en ligne les poursuit jusque dans leurs foyers, envahit leurs pensées et leurs émotions. Ce mode de harcèlement est tout aussi effrayant, physiquement et émotionnellement, que le harcèlement de rue. Les deux sont étroitement liés, et résultent d’une misogynie sous-jacente déterminée à ce que les filles et les femmes « restent à leur place ».

Les auteurs qui les menacent de viol et de violence physique, utilisent un langage grossier et sexiste, publient des photos retouchées et leur envoient des photos pornographiques parviennent à conserver leur anonymat et restent impunis.

Les filles ont souvent peur, censurent leurs propres publications et doivent trouver le moyen de se protéger par elles-mêmes. Cette situation ne peut plus continuer. Les filles et les jeunes femmes demandent à ce que cela change. Elles interpellent gouvernements et plateformes de médias sociaux dont les dirigeants doivent eux aussi agir.

Plus largement, les auteurs du rapport appellent les autorités publiques et toute la société à assurer un suivi rigoureux de ces abus. Ils interpellent aussi les entreprises des médias sociaux pour qu’ils tirent parti de leurs compétences technologiques et de leurs ressources financières afin que la liberté des filles et des jeunes femmes en ligne soit au cœur de leurs priorités.

 

Ce que peuvent faire les patrons des médias sociaux interpellés

Dans l’ensemble des 22 pays couverts par l’enquête, 58 % des filles ont indiqué avoir déjà subi une forme ou autre de cyberharcèlement sur des plateformes de médias sociaux

Les filles indiquent que le harcèlement sur les médias sociaux est à son paroxysme lorsqu’elles ont entre 14 et 16 ans.

23 % des filles et des jeunes femmes ont signalé avoir été victimes de harcèlement sur Instagram et 14 % sur WhatsApp, mais c’est sur Facebook qu’elles se sentent particulièrement en danger : 39 % des filles ont déclaré y avoir été harcelées.

Zuckerberk, comme les autres patrons des entreprises des médias sociaux sont appelés à assumer leurs responsabilités. Les victimes les exhortent de mettre en place des mécanismes de signalement efficaces et faciles d’accès, spécifiques aux violences de genre, de tenir les auteurs responsables de leurs actes, de recueillir des données désagrégées qui tiennent compte des recoupements d’identités des filles et surveillent l’ampleur et la gravité de ce problème qui est très alarmant.

 

L’alerte a été déjà sonnée

Une enquête mondiale sur le vécu des jeunes en matière d’abus et de harcèlement sur la Toile a déjà été réalisée en 2020 par la World Wide Web Foundation et l’Association mondiale des guides et éclaireuses. Elle révèle que 52 % des jeunes femmes et des filles ont déjà subi des abus en ligne, y compris des messages menaçants, du harcèlement sexuel et le partage de photos privées sans leur consentement.

64 % des personnes interrogées dans le cadre de cette autre enquête avaient affirmé connaitre une personne qui a subi des actes de harcèlement, d’abus ou de violence.

Le partage non autorisé de photos, de vidéos ou de messages privés constitue une préoccupation majeure pour les jeunes : 30 % déclarent que c’est ce qui les inquiète le plus.

Ces indicateurs ont été confirmés par l’enquête canadienne. Les enquêteurs signalent que le harcèlement peut revêtir de nombreuses formes, depuis la menace de violence physique ou sexuelle jusqu’aux commentaires racistes et la traque furtive.

Parmi les 58 % de filles qui ont indiqué avoir été harcelées, 85 % en ont subi plusieurs formes, seulement 17% n’ont été victimes que d’un seul type de harcèlement et 9% ont subi tous les types de harcèlement recensés dans le graphique ci-dessous.

 

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