Peine mort. Après l’abolition difficile, les regrets

Depuis le viole et l’assassinat d’un enfant à Tanger, le débat sur la peine de mort a repris avec force. Certains veulent que l’auteur du crime soit condamné à la peine capitale et qu’il soit exécuté. La question de la peine mort est toujours d’actualité au niveau mondial.

« Dans une culture qui prône la liberté et la tolérance, l’autorité n’est pas sensée posséder un pouvoir qu’elle confisque à la population : le droit d’ôter la vie ».

"Peine de mort menace dissuasive ou effet pervers".

Vincent Demont, Ali Savah,

Dans Etudes sur la mort 2012/1 (n°141), pages 79 à 94

On peut relever ici que l’autorité est opposée à la population. Chose insensée à moins d’être en dictature. Or, dans un pays démocratique, l’autorité et le pouvoir émanent de cette même population. Si celle-ci veut la peine de mort, son autorité devra s’y soumettre, puisqu’elle ne fait qu’appliquer ses volontés. Si elle n’en veut pas, il n’y en aura pas.

Plus de pays ont aboli la peine de mort c’est un fait, mais la population totale vivant dans les pays qui l’appliquent est plus nombreuse que dans les pays qui ne l’appliquent pas. Démographiquement parlant, donc, la peine de mort est plus étendue qu’on le pense.

Il est intéressant de savoir que là où l’abolition a été votée, elle est passée de justesse. Au Canada, elle a été adoptée le 14 juillet 1976 avec 130 voix pour et 124 contre, à peine 6 voix de différence, et c’était uniquement pour les crimes de droit commun. Ce n’est qu’en 1998 que l’abolition a été généralisée.

En France la peine de mort qui a été votée à une large majorité à l’Assemblée nationale (363 contre 117) l’a été beaucoup moins au Sénat où elle a obtenu 160 voix contre 126.

Un retour remarqué

Cependant, depuis, les choses ont changé. Par exemple, en France, une étude réalisée par la Fondation Jean Jaurès, et l’Institut Montaigne, publiée le 14 septembre 2020, a pu établir que 55% des Français veulent rétablir la peine de mort. Une augmentation de 11 points par rapport à 2019.

Aux USA, une étude publiée en 2018 par le Peu Research Center, a établi que 54 % des Américains sont favorables à la peine de mort.

Le 25 juillet 2019,  le ministère de la justice américain avait annoncé que le gouvernement avait décidé de mettre fin au moratoire sur les exécutions fédérales, en vigueur depuis 2003. Les exécutions au niveau fédéral allaient donc reprendre. La mesure concerne les crimes commis contre les fonctionnaires et policiers fédéraux, l’espionnage, le terrorisme, les crimes racistes ou s’étant produits sur des propriétés du gouvernement ou sur les réserves indiennes.

En Inde, 4 exécutions ont eu lieu  le 20 mars 2020. Le crime était odieux,  viol collectif et meurtre de Jyoti Singh en 2012. Le gouvernement fédéral de l'Inde n'est toujours pas d'accord sur l'abolition et vote contre les résolutions de l'ONU.

C’est que, entre temps, des crimes d’une gravité insupportable ont choqué les populations. Les mass shooting aux USA, les attentats terroristes, les viols et assassinats d’enfants… Les crimes sont devenus plus odieux et plus nombreux, même dans les pays qui ont aboli la peine de mort sous prétexte justement qu’elle ne diminue pas le crime. Visiblement son abolition non plus.