Covid-19. Lourdes pertes aux bazars de Marrakech (vidéo)

 

Les bazaristes de Marrakech sont dans de sales draps. La pandémie continue de faire des dégâts en plongeant la ville dans la léthargie…

 

Par Hayat Kamal Idrissi

Ca tourne au ralenti à Marrakech ! La place Jamaâ Fna qui grouillait habituellement de monde, est déserte. Les quelques passants  qui s’y aventurent ne font nullement le bonheur des bazaristes. « C’est complètement désert ! On n’ouvre qu’à des heures tardives juste pour aérer les boutiques. Les ventes ? Ce n’est qu’un vague souvenir du bon vieux temps », lance, acerbe, ce commerçant d’articles de maroquinerie.  Les touristes qui constituaient le principal de la clientèle des bazars de la fameuse place, ont déserté les lieux en esquintant la dynamique commerciale locale.

Crise sans précédent

« Comme si la chute de nos ventes et les charges cumulées du loyer et autres factures n’étaient pas suffisantes, on nous casse le dos avec les impôts. Est-ce normal de nous demander de s’acquitter des impôts alors que c’était carrément une année blanche pour nous !, » s’insurge-t-il. « Au bout de 40 ans d’exercice, c’est la première fois que l’on vit une telle crise. Ni la guerre du Golfe, ni l’attentat d’Argana n’ont affecté nos commerces de la sorte. C’est carrément l’arrêt cardiaque ! », commente Hamid, un autre bazariste profondément touché par la fermeture de la ville aux flux touristiques.

Pour lui, pire que la crise, « l’attitude trop molle » du gouvernement et du ministère du tourisme. « Rien n’a été fait pour améliorer la situation malgré nos multiples tentatives et correspondances envoyées aux différents responsables », s’insurge-t-il. Hamid nous raconte comment des artisans ont vendu le mobilier de leurs maisons pour nourrir leurs familles. « Il y en a d’autres qui ont fait faillite carrément au bout de six mois de léthargie.  D’autres sont menacés de prison à cause des chèques non payés », ajoute-t-il.

Cernés de partout

Trop de charges, très peu d’entrées… Le malheur des bazaristes de Marrakech ne se limite pas à ça ! « Des commerçants de tapis malchanceux ont été surpris par les graves dégâts causés par la prolifération de l’attagène des tapis pendant la fermeture des boutiques en période de confinement. Ceux vendant des objets en bois et en cuir ont vu leurs marchandises se détériorer à cause de l’humidité et le manque d’aération », raconte, révolté, le bazariste. Il évalue les pertes à plus de 80% des stocks. Une crise très mal vécue par les commerçants et les artisans de Marrakech, et qui n’est pas prête de se dissiper à en croire les témoignages des premiers concernés.