Le parlementaire marocain est pauvre, à en croire le président de la Chambre des représentants. En jouant les syndicalistes démagogues, Habib El Malki feint d’ignorer ces détails. Ils sont bons à rappeler en cette rentrée parlementaire.
Le député socialiste en chef, Habib El Malki, est un fervent défenseur des retraites des parlementaires. Tous les arguments sont donc bons pour lui pour jouer les pères protecteurs. Sauf qu’il est tombé dans un misérabilisme insultant pour l’intelligence des Marocains quand il avait laissé entendre que les députés marocains peinaient eux aussi à joindre les deux bouts. Il en avait laissé son audience du jour sans voix.
Mais tout récemment, le président El Malki s’est fait remonter les bretelles par Rachid Hammouni. Lors de son passage dans l’émission «Sans langue de bois», présentée par Ridouane Erramdani sur les ondes de Medradio, ce député du PPS a livré ces précieux détails sur les salaires de ses collègues parlementaires.
La vérité par les chiffres
Le militant du parti du livre a précisé qu’un parlementaire au Maroc touche 36.000 DH net d’impôts. Le parlement en prélève 2900 dirhams à titre de cotisation de la très controversée caisse de retraite des députés. 900 autres dirhams sont également prélevés comme assurance.
Toujours dans la colonne «débit», Hammouni estime que, mêmes si les règles diffèrent d’une formation politique à une autre, chaque député verse à son parti une contribution mensuelle allant de 3000 à 5000 dirhams.
En revanche, le député PPS rappelle que les parlementaires perçoivent 2500 dirhams par jour quand ils sont en déplacement officiel à l’étranger. Des avantages leur sont accordés aussi à l’intérieur du pays. Ceux parmi eux qui habitent en dehors de Casablanca-Rabat, sont hébergés aux frais de l’État dans des hôtels 4 étoiles.
Les représentants de la nation ont en outre droit à des aides en nature pour leurs frais de déplacement. Quand ils circulent en voiture pour l’exercice de leur fonction, ils ont une carte prépayée de carburant. Pour ceux qui doivent voyager par avion pour venir au parlement, leur billet d’avion est pris en charge. Un téléphone avec appels illimités leur est également offert.
Concernant les bruits ayant couru sur la mise à disposition des parlementaires de luxueuses voitures, Hammoumi rectifie. Seuls les présidents de commission, les membres des bureaux des deux Chambres et les présidents des groupes parlementaires ont droit à une «voiture de fonction».
Pauvre El Malki !
Avec tout cela, oui les parlementaires marocains sont pauvres. Mais si et seulement si on comparaient leur revenu à celui de Habib Malki lui-même. Du reste, selon les statistiques officielles, près de 40% des salariés déclarés au Maroc perçoivent toujours moins que le SMIG mensuel. Ceux-là, sont vraiment pauvres. Certains le sont devenus encore plus par ces temps de crise économique engendrée par la Covid-19 qui détruit massivement les emplois.