Nobel d’Economie. Canal Plus et la malédiction du vainqueur

Le prix Nobel d’économie (le Prix de la Banque de Suède) a été attribué lundi 12 octobre  aux Américains Paul Milgrom et Robert Wilson. Le prix récompense ainsi leurs travaux  sur les enchères qui ont  servi, entre autres, aux attributions des fréquences télécom.

Selon le jury de l'Académie suédoise des Sciences, le prix de la Banque de Suède en sciences économiques leur est remis « pour avoir amélioré la théorie des enchères et inventé de nouveaux formats d'enchères au bénéfice des vendeurs, des acheteurs et des contribuables du monde entier ».

La théorie des enchères (auction theory) n’est pas très connue du public alors qu’elle revêt une extrême importance. C’est elle qu’on utilise dans l’attribution des fréquences télécoms, des gisements miniers ou des champs pétroliers.

On imagine son intérêt pour un pays qui veut augmenter ses recettes de privatisation par exemple.

Bien assimilée, la théorie des enchères permettra à un enchérisseur d’éviter ce qu’on appelle la malédiction du vainqueur. Ça arrive quand cet enchérisseur paie un prix plus élevé que ce que vaut réellement l’objet de l’enchère. Il peut être mal informé sur les intentions de ses concurrents.

Le cas le plus emblématique de cette situation remonte à 2004. Cette année, on se battait pour les droits de retransmission du football français, remportés par canal Plus qui a payé 600 millions d’euros. TF1 avait fait tellement de tapage sur sa volonté d’obtenir ces retransmissions que le management de Canal s’est dit, on va les casser, notre prix sera le meilleur. Il l’était d’autant plus que dans le pli de son concurrent, il n’y avait que 326 millions. Canal aurait pu l’emporter avec 327 millions. 274 millions d’euros partis pour rien. Pourquoi il faut écouter les experts. Enfin les bons experts.