Entretien : «L'OCP est acteur du développement territorial, partout où il se trouve »

Initié par le groupe OCP, le pôle urbain de Mazagan (PUMA) vise une certification Green Star. Intérêt de ce label, aperçu sur l’état d’avancement du projet et ses particularités…Explications du  patron de la société d’aménagement de développement de mazagan (SAEDM), Karim Laghmich.

Entretien réalisé par Mounia Kabiri Kettani 

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : La SAEDM vise une certification Green Star pour  PUMA, en quoi consiste cette certification et quelle sera son utilité pour un tel projet ?

Karim Laghmich : Lancé par le Green Building Council Australie en 2003, le Green Star est un label qui porte sur quatre niveaux de certification dès la phase de l’implémentation du projet. Il est octroyé sur la base de 5 critères : la gouvernance, l’habitabilité, la prospérité économique, l’environnement et l’innovation. Nous travaillons depuis un moment sur cette certification. Et le contexte sanitaire nous a conforté dans ce choix. Une première évaluation effectuée par le Green Building Council Australie a permis d’affirmer que le PUMA est potentiellement éligible au «World leadership » 6 stars, c’est-à-dire le plus haut niveau de performance de la certification Green Star. Ceci rime parfaitement avec notre stratégie qui a pour objectif de mettre en place un projet répondant à des préoccupations axées sur l’humain et la communauté loin de ce modèle dense qui a montré ses limites lors de cette crise sanitaire. Après l’approbation du Green Building Council Australie, nous nous préparons maintenant pour l’étape de certification.

Le coup d’envoi des premiers travaux d’aménagement du projet PUMA  a été donné en octobre 2017. En quoi consiste le projet et où en est-il actuellement ?

Le Pôle Urbain de Mazagan est né d’une vision du Groupe OCP et du ministère de l’Économie et des Finances via la Direction des Domaines de l’État. Situé à proximité de la ville d’El Jadida, à environ 90 km au sud de Casablanca, le projet PUMA a pour vocation de contribuer à l’essor économique et social de la région du Grand El Jadida, et d’être le trait d’union  entre la ville Azemmour et El Jadida sur une surface de 1.300 hectares dont 303 hectares dédiés aux espaces verts et forêts avec un développement maîtrisé sur trois tranches qui mobilisera pas moins de 5 milliards de dirhams pour l’aménagement.

Il s’agit de développer quatre centralités. La première proche d’Azemmour concomitante au parc d’exposition Mohammed VI et la quatrième du côté d’El Jadida située  au niveau de la zone académique où il y a déjà l’université Chouaib Doukkali, l’ENSA, la faculté des sciences juridiques et la future ENCG dont les travaux ont déjà démarré. Cet ambitieux projet, novateur et intégré, permettra d’accueillir 134.000 habitants à l’horizon 2034.

Actuellement, nous sommes en phase de finalisation des travaux d’aménagement de la tranche prioritaire de 200 ha (100 ha centralité A et 100 autres hectares centralité D) qui va être livrée au plus tard en janvier prochain. En gros, le taux d’avancement des travaux pour cette première tranche est de 80%.

La crise sanitaire actuelle a-t-elle eu un impact sur l’avancement des travaux ?

Le confinement a provoqué l’arrêt des travaux. L’impact a été brutal puisque nous étions en pleine phase de finition de la première tranche prioritaire. Nous avons eu un décalage certes au niveau du bouclage des travaux de cette partie et sur le volet commercialisation, mais, cela n’affectera pas la durée prévue pour la livraison finale du projet. Nous allons mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard.

Qu’en est-il justement de la commercialisation?

La commercialisation a démarré en mars dernier. Mais avec la crise sanitaire, il y a eu un retard pour une reprise timide lors du mois de septembre. Aujourd’hui, le taux de commercialisation est situé aux alentours de 5%. Il faut dire que nous n’avons voulu lancer cette étape qu’après l’installation des équipements  nécessaires afin de répondre à une attente précise et une demande globale. Construire du résidentiel sans équipements est une mauvaise stratégie et d’ailleurs c’est la raison de l’échec du concept des villes nouvelles

Un tel projet a certainement besoin de partenariats. Avez-Vous trouvé des partenaires?

Le projet est soutenu à la fois par des acteurs publics et privés, en vue de créer les conditions qui permettront d’attirer les investissements nécessaires. Il connait beaucoup de succès auprès des investisseurs. Les premiers développeurs sont essentiellement étrangers, dont le français Réalités, et l’Espagnol Cicasa. D’autres partenariats sont en cours de discussion. L’objectif pour nous est d’avoir de bons  partenaires afin de répondre à la fois aux exigences de qualité et de positionnement prix qui doit correspondre aux  attentes des habitants de la région.

Qu’avez-vous prévu pour renforcer la connectivité du projet avec la métropole ?

Le projet est situé à 45 min de Casablanca.  Il est desservi par la route nationale reliant toutes les villes portuaires de la côte atlantique, l’Autoroute connectant Casablanca à Safi et la voie ferrée. Nous sommes en train de travailler avec l’ONCF pour installer une gare ferroviaire à moyen terme, au sein du projet lui-même en vue de desservir Casablanca. Nous avons déjà une petite gare située à l’extrémité du projet, à proximité du parc d’exposition Mohammed VI, néanmoins, une deuxième est dans le pipe.

Est-ce que vous comptez dupliquer ce modèle de projets dans d’autres localités ?

Oui. D’autres projets sont en vue effectivement. A l’OCP, le développement territorial est notre leitmotiv. Nous avons un projet à Benguerir et un autre à la technopole de Foum El Oued. Là où l’OCP est installé, il est acteur du développement territorial. Nous sommes en train d’apprendre aujourd’hui, et nous avons l’ambition d’aller au-delà et dupliquer ce modèle ailleurs.