Mort de l’ambassadeur palestinien à Prague. Accident ou assassinat ?
Jamal Al Jamal

L'ambassadeur palestinien en République tchèque, mort dans une explosion mystérieuse dans sa résidence à Prague, a été "délibérément tué", a affirmé sa fille jeudi soir. Les circonstances du décès de Djamal al Djamal, mercredi alors qu'il ouvrait un coffre-fort, n'ont pas encore été clairement établies par les autorités tchèques.

La police tchèque, qui dit avoir découvert des armes à la mission palestinienne, a toutefois exclu l'hypothèse de l'attentat dès le jour de l'explosion, privilégiant la piste d'un accident qu'elle attribue à un dispositif de sécurité intégré au coffre. Mais cette piste ne fait pas l'unanimité.

Le porte-parole de l'ambassade, Nabil el Fahel, a déclaré à Reuters que le personnel n'était pas au courant d'un mécanisme de sécurité à explosion connecté au coffre-fort.

Dans la soirée, la fille de l'ambassadeur, Rana al Djamal, a déclaré à Reuters qu'elle ne croyait pas un instant à la thèse d'un accident. "Nous pensons que mon père a été tué et que sa mort a été arrangée, et non accidentelle. Comment ? Nous l'ignorons, et c'est ce que nous voulons savoir", a-t-elle dit.

Elle a affirmé que sa mère, qui se trouvait dans la résidence, lui avait dit que le coffre n'avait pas été sérieusement endommagé.

EXAMENS EN COURS

Le coffre-fort qui a explosé à la résidence de l'ambassadeur palestinien à Prague était fréquemment utilisé, a par ailleurs indiqué le porte-parole de l'ambassade, démentant ainsi les propos du ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al Malki, selon lequel le coffre-fort n'était plus utilisé depuisau moins 20 ans, ce qui aurait pu le lier à la représentation de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Prague dans les années 80.

Djamal al Djamal avait adhéré au Fatah, le courant de Yasser Arafat au sein de l'OLP, en 1975. Il avait travaillé dans ses représentations en Bulgarie et en Tchécoslovaquie dans les années 80. Il avait pris son poste à Prague en octobre dernier.

"Le coffre-fort était utilisé presque quotidiennement pour y déposer de l'argent (...) utilisé pour les salaires du personnel de l'ambassade, pour acheter des choses pour les opérations quotidiennes", a précisé Nabil el Fahel. "Le ministre Malki a parlé par erreur d'un second coffre (..) qui était vide et presque jamais utilisé."

La police tchèque a fait savoir que l'examen du coffre était en cours et que cela pourrait prendre plusieurs jours.

Certains coffres peuvent être équipés de petites charges permettant de détruire des documents secrets en cas d'ouverture par effraction.

Mais un ancien spécialiste de l'ouverture des coffres pour le Mossad israélien a jugé étrange qu'un mécanisme de ce genre puisse causer de tels dégâts.

Selon un ancien responsable des services de renseignements militaires tchèques, Andor Sandor, les informations disponibles vont dans le sens d'un accident ou d'une agression de nature privée plutôt que politique.

REUTERS