Kherraz, le policier qui sait raconter des crimes

 

En excellent conteur, Abdelkader Kherraz compte déjà des milliers de fans et de followers. Son secret ? Raconter des crimes et des enquêtes policières avec un exceptionnel talent narratif, avec suspens et humour en supplément.  

 

Par Hayat Kamal Idrissi                                                  

 

« J’ai la carrosserie d’un journaliste mais le moteur d’un policier ! », c’est ainsi que se décrit cet ancien fin limier de la police judiciaire marocaine converti en animateur d’émission policière. Après avoir fait ses débuts audiovisuels en tant qu’analyste dans les émissions à succès « Akhtar moujrimine » et « Masrah al jarima », il se découvre une prédilection pour cette nouvelle vocation.

Fin limier, bon conteur

 

« Les téléspectateurs appréciaient déjà ma manière d’analyser les crimes et de décortiquer les affaires relatées », note El Kheraz. Après sa retraite, le choix de l’ancien officier enquêteur est vite fait : Il se recycle en journaliste. Son émission ne tarde pas à attirer des milliers de fans. Sa manière fluide de raconter les événements, d’analyser les faits et de décrire les personnages ne manquent pas d’en faire une star du web. « Mes récits sont constitués essentiellement de mes souvenirs d’anciennes enquêtes policières que j’ai mené avec mes collègues. Les spectateurs apprécient en effet comment je présente les crimes et je les analyse », explique Kherraz.

En plus des détails des crimes racontés, ce dernier n’hésite pas à se livrer à une description et une analyse bien personnelle de la société marocaine. Ethique, éducation, sexualité, religion, questions existentielles… tout y passe. Son contact au plus près avec différents  personnages et milieux sociaux lui ont conféré une certaine sagesse à la sauce policière.

Sensibiliser

 

L’ancien policier insiste d’ailleurs sur l’intérêt particulier de raconter un crime. « Ce qui m’intéresse le plus ce n’est pas le côté sensationnel des faits, mais surtout la moralité des histoires. Derrière chaque crime, il y a un enseignement à tirer. Mon objectif est principalement la sensibilisation », affirme le présentateur qui arbore toujours sa casquette de gardien de la sureté.

D’ailleurs, il annonce que son émission portera le titre significatif « Le crime ne paie pas » (al jarima la toufid ). Un message qu’il veut  informatif mais surtout dissuasif. Ses récits captivants dévoilent d’ailleurs que c’est un homme qui s’est passionné pour son métier et qui a su partager cette passion avec les auditeurs.

« J’ai remarqué que les jeunes auditeurs aiment beaucoup l’émission, ils m’aiment aussi. Ils ont bien saisi le message sensibilisant de cette émission », raconte, ému, l’ancien enquêteur. Des liens qui se sont déjà constitués avec les auditeurs et qui « me permettent de les rapprocher du travail des policiers, des gendarmes et des efforts déployés au quotidien », commente Kherraz, satisfait.

 

Humaniser la police

 

Une émission qui réconcilie les citoyens avec leur police et humanise ses éléments. Spontané, le verbe habile et la gestuelle expressive, Kherraz sait tenir ses spectateurs en haleine. Avec un brin d’humour, il n’hésite pas à placer des vannes qui n’altèrent nullement son charisme de policier.

Certaines de ses répliques personnelles sont déjà devenues fameuses et sont placées avec humour dans des trolls et autres blagues. « Zayernah » (on l’a pressé… ), qu’il utilise pour décrire les interrogatoires des criminels,  est d’ailleurs la préférée de ses fans.

Des récits qui brossent le portrait d’un homme intelligent et fort mais qui n’occultent pas pour autant sa grande sensibilité d’être humain. Il n’est pas rare de voir une larme lui échapper en racontant la souffrance d’un orphelin ou la détresse d’une mère accablée par le meurtre de sa fille unique. Maniant son art avec beaucoup de maestria, Abdelkader Kherraz sait partager ses souvenirs et ses émotions. Ces fans le lui rendent si bien d’ailleurs.