La livre turque plonge. Erdogan crie au complot
Recep Erdogan. La thu00e9orie du complot

C’est la débandade chez le turc Erdogan. Quelque chose ne tourne pas rond chez lui et les signes se suivent. Après la « démission » de son gendre ministre des Finances, Berat Albayrak, voici le gouverneur de la Banque centrale, Murat Uysal, qui s’en va. Mais là, c’est un limogeage.

Erdogan qui peut être qualifié de bon gestionnaire du sentiment religieux et de ce qui s’en suit, veut aussi être un bon financier. Il exige une baisse des taux d’intérêt que le gouverneur et les économistes refusent, pour, selon lui, redresser la monnaie nationale, la livre, qui ne cesse de chuter. Elle est à plus de 8,5 contre un dollar, soit 30% de moins depuis le début de l’année.

Spécialiste des complots, Erdogan croit dur comme fer que ses déboires économiques sont le résultat d’un complot contre son pays. La Turquie est en guerre économique, disait-il le week end dernier, contre ceux qui tentent de l’enfermer dans "le triangle diabolique des taux d’intérêt, des taux de change et de l’inflation". Ce serait peut-être la réponse à celui qui veut enfermer certains pays dans le triangle diabolique de l’islamisme, du terrorisme et des conflits religieux.

En tout cas c’est l’explication qu’il livre à ses électeurs auxquels il doit aussi expliquer les 12% d’inflation.

Erdogan a épuisé 4 gouverneurs de la banque centrale en seulement 5 ans. Preuve de l’instabilité et de la fragilité économiques du pays. La nomination d’un fidèle, l’ancien ministre des Finances, Naci Agbal ne rassure pas non plus, mais au moins, le président trouvera une oreille attentive et pourra baisser le taux d’intérêt. Ce n’est pas garanti, mais déjà, il apprend que quand on veut se donner l’air d’une puissance internationale, il faut s’assurer que les arrières sont bien gardés.