Les infirmiers mènent une grève nationale de 48 heures

 

Les infirmiers passent à la vitesse supérieure et mettent en pratique leurs menaces : Ils mènent une grève nationale de deux jours le 19 et 20 novembre.  

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

Quelques jours après leur sit in à Rabat, les infirmiers reviennent à la charge en annonçant une grève nationale de deux jours, les 19 et 20 novembre. L’annonce a été faite aujourd’hui par leurs représentants syndicaux.

Ingratitude

« Après neuf mois de travail acharné et de confrontation directe avec la pandémie, sans relâche ni repos, avec un grand sens de responsabilité, de professionnalisme, de déni de soi et d’altruisme, alors que le ministère et le gouvernement continuent d’ignorer les infirmiers et leurs revendications, il est temps pour nous d’agir pour réclamer nos droits », annonce, décidée, Fatima Zahra Belline, coordinatrice de la cellule communication et presse du Mouvement des infirmiers et des techniciens du Maroc (MITM).

Cette dernière déplore d’ailleurs les lourdes pertes enregistrées dans les rangs des infirmiers à cause de la contamination au Covid-19. « Nous avons enregistré plus 1300 cas et des dizaine de décès parmi les infirmiers partout dans le Royaume. Aujourd’hui, il est temps de mettre terme à cette souffrance », s’insurge de son côté Afaf Elam, membre du mouvement.    .

Rappelons que le torchon brûle déjà entre les blouses blanches et la tutelle depuis des années. La crise sanitaire liée à la pandémie a aggravé davantage la situation, en faisant monter la tension d’un cran. « Mais la goute qui a fait déborder le vase était la manière avec laquelle on a répondu à nos revendications », déplore Afaf Elam. « Une attitude ingrate et extrêmement irresponsable de la part du ministère de la santé qui a affecté profondément le moral, l’état psychique et physique de nos activistes », regrette de son côté Fatima Zahra Belline.

Maladresse

Rappelons que les différents syndicats ont sorti des communiqués condamnant l’attitude « maladroite » du ministère, face aux revendications légitimes des infirmiers. Réclamant une refonte administrative et une équité matérielle et morale, les infirmiers passent à la vitesse supérieure en mettant en pratique leur menace de grève. « Le ministère de la santé doit assumer toutes ses responsabilités. Loin de respecter ses engagements en termes de dialogue social, le ministère aggrave la situation avec ses promesses non tenues envers 30000 infirmiers », fustige Belline.

Pire, les membres du Mouvement déplorent « la mal organisation et la grande improvisation avec laquelle le ministère gère cette crise au bout de 9 mois ». « Nous étions compréhensif au début de la crise, mais aujourd’hui nous sommes au bord du burn out et de l’effondrement dans tous les services. Manque de moyens, manque de personnel, manque de matériel… nous mourrons à petit feu que l’on soit infirmiers ou citoyens. Le système est au bord de la faillite  », s’insurgent en chœur Elam et Belline.  Contacté à plusieurs reprises, pour en savoir plus sur sa version des faits, nos appels au ministre Khalid Ait Taleb sont restés sans réponse.

« Nous nous sommes défendus jusqu’à maintenant de mener une grève nationale par considération par rapport à la situation de crise sanitaire actuelle. Mais notre patience est arrivée à bout », nous assurent Belline, Elam et Abdillah Sayssi, du MITC et e l’AMIAR (Association marocaine des infirmiers anesthésistes et réanimateurs.

 

 

Ainsi, cette grève de 48 ans concernera tous les hôpitaux du royaume et tous les services à l’exception des urgences, des réanimations et des secteurs Covid-19. Tandis que les infirmiers et autres techniciens responsables des gardes, se chargeront uniquement des cas urgents. « Ceci tout en restant prêts pour mener une nouvelle grève dans l’avenir », met en garde le MITM. « Nous tenons cependant à informer les citoyens que nous étions poussés à prendre cette mesure extrême, pour lutter pour nos droits mais aussi pour leur droit à eux dans un service santé à la hauteur », assure Belline.

Revendications

Surmenés et privés de leur droit au congé depuis le déclenchement de la pandémie, les infirmiers réclament justice : Repos, primes de risques alignées, protection, moyens logistiques et renfort des ressources humaines par le recrutement des lauréats des écoles d’infirmiers en chômage… sont les principales revendications formulées par les syndicats.

Rappelons que les infirmiers protestent spécialement contre « la grande injustice » concernant la prime de risque. « Cette dernière ne dépasse pas 1400 dhs pour les infirmiers et atteint jusqu’à 5900 dhs pour les médecins. Ceci alors que nous sommes tous exposés aux mêmes risques si ce n’est plus car plus en contact avec les malades », nous explique auparavant Afaf Elam, membre du Mouvement des infirmiers du Maroc. Pour Abdillah Sayssi, président de l’Association marocaine des infirmiers anesthésistes et réanimateurs (AMIAR), cette revendication primordiale est aujourd’hui plus que jamais d’actualité. « Les risques ne sont que plus grands avec la pandémie.