Qui sont ces « takfiristes » en chef ?
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Fikri, Sirat Al Moustaqim et Abou Mouad

Youssef Fikri, l’émir du sang, est un homme de « principes ». Quatorze ans après sa condamnation à la peine de mort pour avoir assassiné froidement cinq personnes « impies », il n’a jamais opéré de remise en cause de ses positions « takfiristes » prises à l’encontre de la société et du pouvoir. Ses voisins du couloir de la mort à Kénitra, les cinq membres de Sirat al moustaquim (Le droit chemin), partagent sa p

osition de défiance et de mépris à l’égard de la société. Il y a quelques années, ils avaient demandé que leurs peines soient exécutées ! Abou Mouad Nourreddine Nafiâ, prédicateur arrêté en 2002 de retour d’Afghanistan, présente un cas particulier dans la galaxie jihadiste. Sans excommunier la société directement, il a refusé de participer aux révisions opérées par le quatuor Fizazi-Abou Hafs Hadouchi-Kettani. Abou Mouad a frôlé la mort cette semaine, suite une grève de la faim de 53 jours observée à la prison de Fès.

Hadouchi, Abou Naïm et Nafaâ

[caption id="attachment_8692" width="250"] Haddouchi & Nafaâ[/caption]

Depuis sa sortie de prison en 2011, Hadouchi est dans son élément. Ses huit ans de prison n’ont pas altéré sa radicalité. Appelant au jihad en Syrie avant de se rétracter, il s’est illustré dernièrement par son interdiction de fêter le Nouvel An. C’est une star de la toile, sa page Facebook totalise 18.000 fans et ses prêches sont très suivis partout au Maghreb. Abou Naïm est en voie de devenir une célébrité de l’e-prédication. Le 6 janvier, il s’est doté de sa propre chaine Youtube. L’intégrisme n’a plus de frontières comme le prouve Rachid Nafaâ, prédicateur à La Haye au Pays Bas. Cet ex-imam de Rabat vient de confirmer l’excommunication de Lachgar prononcée par Abou Naïm.

Nahari, Bourhoun et les autres

[caption id="attachment_8693" width="200"] Abdellah Nahari[/caption]

Nahari est l’icône d’un islam populaire mais intégriste. Proche du PJD, il a été élu sous les couleurs de ce parti aux municipales de 1998. Ce prédicateur d’Oujda surfe ses les lignes du « takfir » avec populisme et démagogie. À l’opposé de Nahari, se trouve El Kadi Bourhoun. Ce compagnon de Takieddine El Hilali, père du salafisme marocain, mélange science et radicalité. Ce docteur en science islamique est une sommité religieuse à Casablanca. Ses positions sont tout aussi virulentes qu’un Hadouchi concernant le « takfir » symbolique. L’excommunication n’est plus l’apanage d’un grand théologien comme Barhoun ou un prédicateur de second rang de type Abou Naïm, cette arme s’est dangereusement « démocratisée ». Au Maroc, nous sommes face à une nouvelle tendance nourrie par les réseaux sociaux. De plus en plus, des personnes qui n’ont pas une légitimé religieuse et se cachant derrière des pseudonymes se lancent dans le takfir.

Enquête publiée dans le magazine L"Observateur du Maroc du 10 au 16 janvier 2014

Takfir : La ligne rouge dépassée 

Takfir, en 3 Questions-Réponses

Entretien avec Abdellah Rami, chercheur au Centre marocain des sciences sociales, spécialiste du salafisme