Sida Maroc : 73% des cas savent qu’ils sont atteints

 

L’édition 2020 de Sidaction Maroc se déroulera du 1er au 31 décembre 2020. Une nouvelle campagne qui rappelle l’état des lieux et alerte par rapport à l’impact de la crise sanitaire liée à la pandémie Covid-19 sur les programmes de prévention et d’accompagnement.  

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

Au Maroc ce sont 21.500 personnes porteuses du VIH à fin 2019. Seulement 73% des cas sont au courant qu’ils sont séropositifs et 90% des cas confirmés ont pu bénéficier d’un accompagnement thérapeutique et avoir accès aux différents soins. C’est ce qu’affirme  Pr Mehdi Karkouri, président de l’ALCS, en marge d’une conférence annonçant le lancement de la 8e édition de Sidaction Maroc 2020. Ce dernier note d’ailleurs que 50% des cas diagnostiqués ne le sont qu’à un stade avancé de la maladie. « Il y a une importante prévalence des jeunes qui constituent 51% des porteurs de VIH. La tranche d’âge la plus touchée se situe entre 15 et 35 ans », détaille le spécialiste.

 

Covid-19, facteur aggravant

 

Une situation alarmante qui a été aggravé davantage par l’impact de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19. Selon l’ALCS, le confinement et l’état d’urgence sanitaire ont largement affecté le bon déroulement des programmes de prévention auprès des catégories les plus exposées. « Conscients de la gravité de la situation et de la menace, nous menons des campagnes de sensibilisation régulières auprès  des travailleuses du sexe en leur offrant le plus de moyens de protection ; que ça soit du Covid19 ou du Sida », nous explique au cours du confinement Asmaa Boumour, coordinatrice de l’ALCS, section Agadir qui œuvre auprès de plus de 5000 travailleuses du sexe.

Au bout d’une année éprouvante à plus d’un titre, l’ALCS lance cette nouvelle campagne Sidaction avec son habituel moment fort : La soirée télévisée de variété avec l’appel à dons qui sera diffusée en direct, le 19 décembre 2020, sur les chaînes de télévision nationales 2M et 2M Monde. Rappelons qu’en 2018,  la cagnotte collectée a permis de renforcer les activités de l’ALCS.  « A savoir, la prise en charge médicale et psychosociale des personnes vivant avec le VIH, le renforcement des actions de dépistage et de prévention », note-t-on auprès de l’association.

 

110.000 enfants sont morts du sida en 2019

 

Au niveau mondial, toutes les 100 secondes, un enfant ou un jeune de moins de 20 ans est infecté par le VIH-Sida, révèle un rapport du Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (UNICEF). Ce dernier note que près de 320.000 enfants et adolescents ont été nouvellement infectés par le VIH et 110.000 enfants sont morts du sida en 2019.

D’après les données de l’Unicef, les efforts de prévention et de traitement pour les enfants restent faibles auprès des principales populations touchées. Ainsi en 2019, presque la moitié des enfants contaminés dans le monde n’avaient pas accès aux traitements susceptibles de leur sauver la vie. Dans un communiqué Henrietta Fore, directrice exécutive de l’UNICEF, déplore d’ailleurs l’aggravation de la situation à cause de la pandémie du Covid-19. « Les enfants sont toujours infectés à un rythme alarmant, ils meurent encore du sida. C’était avant même que Covid-19 n’interrompe les services vitaux de traitement et de prévention du VIH, mettant ainsi d’innombrables autres vies en danger », s’alarme l’a responsable onusienne.

Selon les données avancées par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), l’impact des mesures de contrôle, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, du manque d’équipements de protection individuelle (EPI) et du redéploiement des travailleurs de la santé sur les services liés au VIH à cause du coronavirus et du confinement… sont autant de facteurs qui ont priver les malades du sida de leur droit au traitement. Ainsi le traitement pédiatrique du VIH et les tests de charge virale ont chuté, dans certains pays, de 50 à 70%. Quant à l’initiation de nouveaux traitements, le recul a atteint jusqu’à 50% entre avril et mai.  Une situation alarmante au niveau mondial et qui n’est pas prête à s’améliorer, comme le craignent les rapports onusiens.