Covid-19 : L’Etat soutient les traiteurs touchés par la crise

 

Enfin une éclaircie pour les professionnels de l’événementiel, de la restauration et du divertissement. Le Conseil de gouvernement a approuvé, jeudi, la promulgation de mesures exceptionnelles pour soutenir les employeurs et les employés adhérents à la CNSS.  

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

Après avoir passé une année 2020 sous le signe de la crise, le secteur de l’événementiel et du divertissement a droit enfin au soutien de l’Etat. Alors que les professionnels annoncent de grandes pertes et la mort clinique du secteur agonisant depuis neuf mois, le Conseil de gouvernement a approuvé jeudi deux projets de décrets.

Ces derniers portent application du décret-loi du 15 septembre 2020 relatif à la promulgation de mesures exceptionnelles au profit de certains employeurs adhérents à la Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS). Mais aussi de leurs employés déclarés et de certaines catégories de travailleurs indépendants et non-salariés assurés auprès de cette caisse. « Sont éligibles à ce soutien, les professionnels affectés par les répercussions de l’épidémie de Covid-19 »,  indique Saaid Amzazi, porte-parole du gouvernement, lors d’un point de presse tenu à l’issue du Conseil.

 

Au chevet des traiteurs

 

Le premier décret n° 2.20.876 concerne les sous-secteurs liés à l’événementiel et à la restauration, tandis que le deuxième n° 2.20.877 porte sur le sous-secteur des espaces de jeux et de divertissement. « Les deux textes, présentés par le ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle, visent à verser l’indemnité prévue dans le décret-loi précité, au cours de la période du 1er septembre au 31 décembre 2020, au profit des travailleurs ayant temporairement cessé de travailler et qui sont déclarés par les employeurs », explique Amzazi.

Les deux projets fraichement approuvés déterminent également les conditions et les critères selon lesquels un employeur est considéré en situation difficile suivant les répercussions de la pandémie sur son activité. Ils définissent aussi les modalités et la période de déclaration.

 

Activité zéro

 

Rappelons que le secteur de l’événementiel, de la restauration et du divertissement ont été frappé de plein fouet par la crise suite au déclenchement de la pandémie en mars 2020. Le confinement, l’état d’urgence sanitaire et l’arrêt de leurs activités pour de longs mois ont mis les professionnels du secteur en dure épreuve. « 90% des acteurs de cette activité n’ont pas réalisé d’opération depuis le début de la pandémie. La crise n’a épargné personne : Petites ou grandes enseignes, formel ou informel, tous ont vu leur activité en arrêt depuis le 9 mars », affirme Abdelrhni Bensaid, Premier vice-président de la Fédération des traiteurs professionnels au Maroc.

« Notre activité s’est complètement arrêtée depuis le 15 mars. J’avais des réceptions et des mariages programmés pour fin mars, avril, mai et même juin…  Tout a été annulé, sachant que j’avais des avances que j’ai déjà engagées dans des réservations de salles et autres commandes. C’est une lourde perte !», nous raconte, My Driss, traiteur renommé à Casablanca. Employant une trentaine de personne dans sa jeune entreprise de Weding planing, il affirme que le secteur en général est en stand by depuis des mois. « Une situation critique pour la plupart des prestataires actifs dans l’organisation de mariages et autres événements. Je vous affirme que ce secteur est l’un des plus touchés par la crise liée à l’état d’urgence sanitaire dans notre pays », ajoute le jeune traiteur.

 

Pertes à 100%

 

Réservations annulées, avances déjà engagées, lourdes charges… les pertes sont estimées à 100% par certains prestataires au bord du gouffre. « L’arrêt total et brusque de l’activité a causé la perte de 100% des recettes», regrette Mounir Daoudi, propriétaire de la salle de fête Pavillon des rêves. Certains traiteurs ont été surpris par l’instauration de l’état d’urgence sanitaire alors qu’ils étaient déjà engagés dans des commandes. « Ils s’étaient déjà lancés dans des réservations et autres achats de matières premières et marchandises. Des pertes accusées au tout début de l’état d’urgence qui ont miné dès le départ leurs budgets », explique Yassine Rikaoui, traiteur à Casablanca.

Fêtes de mariages, circoncisions, cocktails professionnels, baptêmes ou autres fiançailles… Covid-19 a frappé à tous les fronts. « Même les événements organisés par les entreprises tels les pauses cafés, buffets et autres cocktails ont été annulés  en aggravant davantage la situation », regrette My Driss. Une situation délicate qui  a empiré avec les prolongations répétitives de l’état d’urgence sanitaire tout en mettant, à rude épreuve, la résistance des prestataires. « Aujourd’hui certains propriétaires de salles de fêtes pensent sérieusement à vendre, tellement la situation  est grave et les lendemains incertains », déclare Mounir Daoudi.

 

Une reprise en 2021 ?

 

Au bord de l’agonie, le secteur ne pourrait, selon ses prestataires, prétendre à une véritable reprise qu’au début 2021. « Même avec un retour à l’activité dans un mois ou deux, le secteur se comportera comme s’il redémarre à zéro ; tellement l’impact était grave et les pertes lourdes en 2020 », concluent les traiteurs.

Rappelons qu’à l’issue du dernier conseil du gouvernement, un « pacte pour la relance économique et l’emploi » a été conclu entre l’Etat et le secteur privé. Son objectif ? La mise en œuvre d’un plan global et intégré pour la reprise économique. Des contrats-programmes ont été également signés pour la relance des secteurs du tourisme, de l’évènementiel et des traiteurs ainsi que des entreprises opérant dans les parcs d’attraction et de jeux.