L’élevage de chevaux ne sera plus jamais le même

L’activité de l’élevage des chevaux va être intégrée dans le secteur agricole. La nouvelle a été bien accueillie auprès des professionnels. Des contraintes restent à lever par ailleurs pour l’émergence de l’activité

L’un des amendements phares introduits au projet de loi de finances 2021 : l’intégration de l’élevage des chevaux parmi les activités agricoles afin de bénéficier d’une série d’incitations fiscales. « Une disposition logique en ces temps de crise, qui permettra de structurer l’activité de l’élevage au Maroc », estime l’entrepreneur agricole et l’éleveur de chevaux Hamid Faridi. Pour lui, l’Etat ne pourra pas soutenir cette activité que si elle est intégrée dans le secteur agricole. Et finalement donc, « vaut mieux la considérer en tant que tel, et la transformer en un secteur producteur de recettes fiscales, que de la laisser mourir »  ajoute t-il.

Un secteur en développement

En effet, depuis le lancement de la stratégie nationale d’encouragement du cheval en 2011, confiée à la Sorec afin de faire du cheval un véritable moteur de développement économique et social, la filière a connu une évolution positive. Selon les chiffres de l’établissement public d’encadrement de l’élevage et du développement des courses hippiques, la filière équine contribue de façon directe et indirecte à 0,61% du PIB national soit quelques 7 milliards de DH de production de richesses par an. En clair, cela représente plus du double qu’en 2007. Même tendance en termes de naissances. Chez les cinq principales races de chevaux au Maroc, à savoir le barde, l’arabe-barbe, le pur-sang arabe, le pur-sang anglais et l’anglo-arabe, on parle d’un chiffre de plus de 4.000 naissances annuelles. En gros, le Maroc a une population de 110.000 chevaux. Et l’activité crée non seulement une activité économique locale très importante mais génère aussi une quinzaine d’emplois en lien direct avec le cheval et quelques dizaines de milliers d’emplois indirects, d’après Hamid Faridi.

Perspectives prometteuses

Avec cette nouvelle disposition, «beaucoup d’éleveurs vont se convertir de l’informel vers le secteur formel. Ceci encouragera donc la création de bon nombre d’entreprises dans le secteur structurées et créatrices de richesses et d’emplois », souligne Hamid Faridi. C’est une nouvelle ère donc qui commence pour cette filière qui, d’après le professionnel sera bénéfique pour l’éleveur, pour le propriétaire et pour le secteur agricole dans son ensemble.

Pour les années à venir, Faridi espère que le secteur va continuer sa transformation avec à la clé, la création de plus en plus d’entreprises d’élevage comme c’est le cas dans de nombreux pays européens comme la France. «L’émergence d’une filière d’élevage forte et structurée permettra automatiquement d’attirer des investisseurs nationaux et internationaux dans le secteur  », insiste Faridi. Encore faut-il lever certaines contraintes qui entravent le développement de l’activité. «Outre l’adoption d’une réglementation spécifique pour le transport de chevaux, il faudra réfléchir à une meilleure distribution géographique des vétérinaires équins, et la mise en place de plusieurs cliniques vétérinaires pour les opérations chirurgicales, ce qui n’est pas le cas actuellement. Quand l’état de santé d’un cheval nécessite une opération chirurgicale, l’éleveur doit le ramener à l’institut agronomique de Rabat, le seul  spécialisé dans ce sens », conclut Hamid Faridi.