Maroc/France : Un accord sur les mineurs isolés

 

 

Signature d’une Déclaration d’intention entre le Maroc et la France relative à la prise en charge des mineurs non accompagnés

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

Le Maroc et la France ont signé, ce lundi à Rabat, une Déclaration d'intention sur la question des mineurs non accompagnés (MNA) vivant en France. Cette déclaration d'intention porte sur la diffusion d'un schéma de procédures détaillant le processus de gestion de la situation des MNA. « Un processus qui permettra aux magistrats de la jeunesse français de disposer des informations indispensables pour prendre les mesures les plus adaptées à l’intérêt de l'enfant », précisent les deux parties.

Paraphée par le ministre de la Justice, Mohamed Benabdelkader et son homologue français, Eric Dupond-Moretti, Garde des Sceaux, en visite dans le Royaume, cette déclaration « permettra de fluidifier davantage l'échange d'informations et contribuera à mettre en place des outils concrets à même de résoudre une problématique commune aux deux pays », affirme le ministre français. Même si les mineurs marocains ne sont pas les plus nombreux dans les villes françaises, les autorités françaises ont toutefois constaté que « nombre de ceux se déclarant mineurs étaient en fait majeurs » soutient Dupond-Moretti.

Insistant sur la priorité de la protection des mineurs pour les deux pays,  ce dernier a noté la précieuse contribution des autorités marocaine dans l'identification des mineurs isolés. « Car sans identification, aucune action judiciaire n'est possible », ajoute-t-il. En visite officielle de deux jours au Maroc (6-7 décembre), le Garde des Sceaux, ministre de la justice de la République française, Eric Dupond-Moretti, s’entretiendra avec plusieurs autres responsables marocains.

 

Qui sont ces MNA ?

 

Rappelons qu’en 2018,  la Mairie de Paris a commandé une étude auprès de l’association Trajectoires. Son objet ? Etudier le parcours de ses migrants mineurs isolés venant du Maroc mais aussi d’Algérie et de Tunisie et ayant élu domicile dans les rues de Paris. D’après les résultats de cette étude, ces mineurs transitent d’une ville française à l’autre ( Paris, Montpellier, Rennes, Brest, Bayonne…), d’un pays européen à l’autre (Suède, Danemark, Espagne, Allemagne, Belgique, France…), sans jamais se fixer. « Ils se font jeter de pays en pays. Ils traînent en Europe sans stratégie migratoire pensée ou élaborée » explique alors au quotidien le Monde le sociologue Olivier Peyroux, coauteur du rapport.

« Ce sont les migrants les plus mobiles en Europe», affirme-t-il.  D’après les auteurs de l’étude, ces enfants ont quitté leur pays d’origine pour se construire un avenir meilleur ailleurs. Ils misent principalement sur leur jeune âge pour se faire une place dans des pays d’accueil européens.  « Ces enfants incarnent le cauchemar de la mondialisation », souligne le sociologue français. Malgré le recours à des éducateurs et des associations spécialisées dans la protection de l’enfance, la Mairie de Paris peinait à trouver des solutions durables à cette délicate problématique. A Tanger, point de passage prisé pour ces mineurs vers l’Europe, des associations marocaines de protection de l’enfance tentent également d’intercepter leur mouvement migratoire, en leur proposant des alternatives locales. En vain !