Algérie. Et si elle essayait la politique de l’ami extérieur?

L’évolution de la monnaie nationale est un bon indicateur de la vigueur de l’économie et partant des décisions économiques prises par un pays.

Le 17 décembre 2010, l’euro s’échangeait contre 93,37 dinars. Le 27 novembre 2020, il fallait déjà 159,1 dinars pour obtenir un euro. Le dinar n’en est plus qu’à 40% de sa valeur face à l"euro. Même topo face au dollar.

Le 23 décembre 2018, un dirham marocain valait 12,4 dinars, le 10 décembre, il en valait 14,6

Une grande dégringolade qui pose problème autant aux ménages qu’aux entreprises, puisque les produits de consommation et les intrants importés deviennent de plus en plus chers.

L’Algérie importe tout ou presque. En contrepartie, elle n’exporte que le pétrole et le gaz, deux produits dont les prix ont fortement baissé ces dernières années.

Refusant catégoriquement de recourir au Fonds monétaire international, probablement plus pour des raisons idéologiques qu’économiques, l’Algérie s’enfonce chaque jour dans la crise économique qui entraîne une crise sociale. Le Hirak en est d’ailleurs l’illustration.

L’échec de la gestion économique est manifeste, les choix de l’Algérie après l’indépendance se sont révélés terrifiants. Le pays avait misé sur les industries lourdes suivant en cela le dogme en vigueur dans les pays du bloc socialiste. Le résultat est apparu des années plus tard après une brève période d’euphorie.

Depuis la chute du mur de Berlin, la plupart des économies socialistes se sont libéralisées, il n’y a plus d’économie communiste ou socialiste, il n’y a plus d’Union soviétique. Chaque pays devait se débrouiller avec ses propres moyens.

Certains ont réussi, d’autres ont intégré l’Union européenne, l’Algérie quant à elle s’est renfermée, sûre que ses réserves de gaz et de pétrole allaient lui assurer la prospérité pendant des décennies.

Ce n’est pas le plus flagrant. Malgré ses mésaventures économiques l’Algérie a persisté dans sa politique belliqueuse contre le Maroc, « investissant » des millions de dollars chaque année pour financer le groupe séparatiste du Polisario. Elle a fourni le carburant nécessaire à la perpétuation d’un conflit qui a retardé toute la région du Maghreb.

Or si on jette un oeil sur l’évolution de l’économie marocaine, sur les trente dernières années, on se demande si les actions de l’Algérie n’ont pas été une bénédiction plutôt qu’une entrave pour le Maroc.

Le Maroc a beaucoup investi dans de grands projets, modernisé son tissu industriel, renforcé ses exportations. Sûr de sa stratégie, il s’est même offert le luxe d’adopter le système de changes flottants. Et par dessus tout, n’ayant ni pétrole ni gaz, il est devenu le deuxième investisseur africain en Afrique et le premier en Afrique de l’Ouest.

Autant d’arguments qui devraient faire réfléchir le pouvoir algérien. Une analyse coût-avantage suffirait à lui démonter que de bonnes relations avec le voisin sont économiquement et socialement plus rentables que la poursuite de la politique de blocage qui n’a finalement rien bloqué. Il n’est tout de même pas raisonnable de poursuivre une politique qui a échoué pendant 45 ans. La politique de l’ennemi extérieur ayant échoué, il serait peut-être temps d’essayer la politique de l’ami extérieur.