L’autre pandémie : Covid-19 et violence à l'encontre des femmes
Girl being struck. Young girl sitting on the floor while man in the foreground is holding fist

 

« Quelles sont les mesures prises pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes pendant la pandémie du Covid-19 ? », c’est la question centrale de la  troisième rencontre webinaire régionale arabe, tenue le 16 décembre 2020.

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

Dans le cadre de la journée internationale des droits de l’homme, l’association Jossour, Forum des femmes marocaines (Jossour FFM) a organisé sa troisième rencontre axée sur les mesures de lutte contre la violence faite aux femmes pendant la pandémie. Une rencontre qui a vu la participation de représentants de huit pays arabes venus présenter les mécanismes et les approches adoptés accompagner les femmes et jeunes filles victimes de violence pendant la pandémie.

Séquelles du confinement

L’association Jossour FFM a présenté, de son côté, les résultats de son étude traitant « la violence à l'encontre des femmes pendant et après le confinement ». Rappelons que le projet intitulé « Les femmes partenaires du progrès » a été initié par l’association Jossour en partenariat avec la Chaire Gibran Khalil Gibran de l’Université de Maryland. Ce projet fait partie du programme  « Promotion du leadership des femmes et les politiques inclusives du genre dans la région MENA » de la Middle East Partnership Initiative (MEPI).

Cette nouvelle rencontre a été l’occasion, pour les participants, d’échanger et de débattre sur les différents mécanismes juridiques en matière de lutte contre la violence faite aux femmes. « Mais aussi l’occasion de présenter les bonnes pratiques, la jurisprudence existante dans ces pays et la situation des femmes pendant cette pandémie », note Oumayma Achour, la présidente de Joussour .

Inégalités creusées

« Les chercheurs se penchent, partout dans le monde, sur l’impact de cette crise. On parle des inégalités homme-femme qui ont resurgi et de la fragilité des systèmes de protection sociale », note Achour. Pour cette dernière, la pandémie a creusé encore plus le fossé des inégalités sociales en accablant davantage la gent féminine. « La femme assume de plus en plus de responsabilités. En plus du télétravail, elle a assuré l’éducation et le suivi scolaire des enfants. Ceci en parallèle avec  les tâches ménagères », énumère la présidente de Joussour. Cumul de stress professionnel et familial, la femme est dépassée par tant de responsabilités.

La pandémie a été également synonyme de crise économique pour beaucoup de femmes surtout celles œuvrant dans le secteur informel. « Nombreuses se sont retrouvées, du jour au lendemain, au chômage, sans la moindre protection sociale », décrit-on à Joussour.

Violence à tous les étages

Pire que la précarité, la violence physique et psychique se sont avérées les pires ennemies des femmes durant cette période de crise sanitaire. « Aujourd’hui, les lacunes de la loi 103.13 pèsent lourd sur la condition féminine parce qu’elle ne protège pas la femme dans l’espace privé. Alors que les violences subites par les femmes pendant le confinement et durant l’Etat d’urgence sanitaire  se passent en général dans les foyers », note Oumayma Achour. D’après l’étude de Joussour, si le confinement a permis à certaines familles marocaines de consolider leurs relations, ce n’était pas le cas pour tout le monde.

« De nombreuses familles ont vécu un déchirement social empreint de violence liée essentiellement au sentiment d’insécurité et de doute par rapport à l’avenir et la stabilité socio-économique », ajoutent les initiateurs de l’étude. Ces derniers évoquent les femmes qui ont dû démissionner et sacrifier leur carrière professionnelle pour pouvoir gérer leurs responsabilités familiales. Un autre type de violence subie par les femmes. « D’où la nécessité d’instaurer la culture du partage de responsabilités familiales. C’est d’ailleurs l’occasion de construire une société juste et égalitaire pour un meilleur Maroc post-coronavirus », conclut Achour.