Un autre perdant de 2020, l’épanouissement sexuel des couples et plus particulièrement des femmes a été profondément touché par la crise sanitaire liée à la pandémie. Au Maroc, le malaise de la  jouissance au féminin remonte à bien avant Covid-19.

Par Hayat Kamal Idrissi

Covid-19 n’a apparemment rien épargné ! La jouissance au féminin s’ajoute de son côté à la longue liste des victimes collatérales de la pandémie. Une récente étude française vient d’affirmer que  les femmes en couple ont connu de réelles difficultés à atteindre l’orgasme alors que 50% de leurs compagnons y sont arrivés. Au Maroc, une étude réalisée en 2018 par le Centre de recherche Ibn Rochd et menée par Pr Ahmed Mansouri a révélé que 64% des Marocains souffriraient d’impuissance sexuelle ; tandis que 57% des Marocaines mariées seraient insatisfaites des « performances » sexuelles de leurs compagnons.

Insatisfaction chronique

D’après cette étude rendue publique lors du forum  « Les droits et devoirs conjugaux: Les dysfonctionnements de la sexualité et leurs conséquences sur la cohésion familiale », ces « contre-performances » peuvent conduire à des maladies psychologiques risquant, dans certains cas, de se muer en états dépressifs suicidaires. Provoquant l’animosité au sein du couple et la violence conjugale, cette insatisfaction sexuelle influe négativement sur la cohésion familiale et l’harmonie du couple, explique Pr Mansouri dans son étude. Aggravée par les conditions contraignantes du confinement et de la crise sanitaire, la situation ne s’est nullement améliorée en cette année 2020.

Réalisée par un site de rencontre Gleeden, l’étude française a été menée du 1er au 13 décembre 2020 auprès de 12.654 femmes et 11.233 hommes, mariés ou en couple, en France, Belgique et Suisse. Si le confinement n’était pas de tout repos pour de nombreux couples, leur sexualité en a pris particulièrement un sacré coup, d’après les déclarations des interviewés. Ainsi 8 Françaises mariées sur 10 avaient moins envie de faire l'amour depuis qu'elles sont en télétravail.  Pire, 81 % des femmes interviewées n’ont pas pu en jouir et atteindre l'orgasme.

Charge mentale

Le coupable de cette chute phénoménale de libido et de cette difficulté d'accès à la jouissance ? La charge mentale liée aux responsabilités cumulées vient en tête des raisons évoquées par ces femmes. Le télétravail qui s’est invité au foyer en ramenant avec lui le stress professionnel n’a pas non plus arrangé les choses. Sollicitées sur plusieurs fronts et en plein temps, beaucoup de femmes ont vu leur libido chuté ostensiblement. Les tâches ménagères et la présence des enfants ont été respectivement évoquées par 48 % et 44 % des femmes comme sources supplémentaires de malaise affectant leur vie sexuelle.  Des chiffres significatifs publiés à l’occasion de la journée mondial de l’orgasme fêtée le 21 décembre de chaque année.