Les Marocains, soyons justes pas tous, veulent abroger l’article 490 du Code pénal qui criminalise les relations sexuelles hors mariage, même entre adultes consentants.

Ils ont lancé un hashtag sur les réseau sociaux et comptent bien aller jusqu’au bout. L’approche des élections législatives rend la chose très intéressante. Comment régiront les partis politiques?

Suivront-ils ceux qui réclament la liberté complète et sans concession ou ceux qui veulent maintenir le code pénal tel qu’il est?

En tout cas le débat est chaud. Les arguments volent d’un mur à l’autre, ça bouge plutôt bien et c’est déjà un gain. On discute.

Mais là où on ne peut pas répondre c’est lorsqu’on réplique «acceptez-vous que cela arrive à votre soeur? ». Cela veut dire qu’on veut bien réfléchir au sujet mais dans le cadre de la soumission de la femme à l’homme qui considère encore que son honneur dépend des moeurs de ses soeurs, ses cousines, ses voisines, les filles du quartier, de la région, du pays…

Derrière tout ça, il y a l’effet d’une mauvaise éducation sexuelle, où l’acte en lui-même est considéré comme une souillure. Une saleté qui doit se laver, parfois dans le sang (d’où l’invention des crimes d’honneur). La sexualité ne représente pas un échange entre deux personnes désirant assouvir un désir très humain. Non, c’est l’homme qui profite du corps de la femme, qui la souille. Le viol légalisé en somme.

Les vierges

Si la société accepte le fait que l’homme ait des besoins sexuels, il est même félicité pour sa virilité, elle ne tolère pas que les femmes en aient autant. Une femme qui exprime ses désirs est une mauvaise femme, une prostituée, continue-t-on à penser au 21ème siècle. Pourtant, l’humanité sait qu’il n’y a aucune différence entre la femme et l’homme. Absolument aucune.

Toutefois, il y a un grand danger. L’interdiction des relations sexuelles hors mariage a donné un argument solide aux chefs de guerre. Un, le sexe est un péché; deux, l’abstinence est une vertu; 3, celui qui se sacrifie pour le triomphe de sa religion sera récompensé au paradis de tant de vierges, les kamikazes en sont un exemple. En langage des temps modernes, ce serait une publicité pour le recrutement de guerriers.

Curieusement, les femmes n’auront droit à aucune récompense dans l’au-delà. Elles doivent s’estimer heureuses d’être acceptées au paradis. Et encore.

L’abrogation de l’article en question résoudra beaucoup de problèmes. Un frustré est prêt à toutes les extrémités pour servir son instinct. Les partis politiques auront-ils assez de courage pour prendre position?