Adil Bennani : « Pour l’automobile, 2021 sera mi-figue, mi-raisin »

 

Le président de l’Association des importateurs de véhicules automobiles au Maroc (AIVAM) Adil Bennani dresse le bilan du marché automobile en 2020 et présente les premières prévisions pour cette année.

L’Observateur.info : L’année 2020 a été dure pour la majorité des secteurs. Qu’en est-il de l’automobile ?

Adil Bennani : L’année 2020 a été catastrophique pour le secteur de l’automobile. Avec 133.308 unités vendues, la chute a été de près 20% par rapport à l’année 2019. La baisse considérable des ventes s’explique principalement par la crise liée au nouveau coronavirus et le confinement généralisé en mars. Les deux derniers trimestres ont certes permis de rattraper une partie de la baisse du premier trimestre, mais pas la totalité.

Comment s’annonce 2021 et quelles sont vos principales prévisions pour cette année ?

L’année 2021 commence plutôt bien. En janvier dernier, les ventes de voitures neuves se sont inscrites à la hausse avec 13.335 unités vendues, soit +6,65% par rapport à janvier 2020. Mais, généralement, janvier est un mois de correction. Il ne faut donc pas se baser sur un mois pour définir une tendance. Néanmoins, la croissance de 6% enregistrée par rapport au mois de décembre 2020, où nous étions à 2%, laisse présager que les choses sont en train de revenir progressivement à la normale.

En gros, 2021 sera une année mi-figue, mi-raisin, pleine d’incertitudes pour différentes raisons. Sur le plan sanitaire, les variants font encore des ravages en Europe, et posent donc des problématiques d’ordre économique très sérieuses. Si ces variants se propagent au Maroc, l’impact serait très néfaste. Au niveau national, les statistiques de contamination sont rassurantes pour le moment, la campagne de vaccination se passe dans de bonnes conditions et à un rythme appréciable. Tout ceci nous met en confiance et pousse à espérer une année 2021 avec un retour progressif à la normale. Nous n’allons pas atteindre les volumes de 2019, mais nous serons au moins sur une tendance haussière par rapport à l’année 2020.

Les chiffres du HCP et autres institutions évoquent une baisse du pouvoir d’achat des Marocains. Quelles en seraient les répercussions sur les ventes de voitures neuves ?

Nous ne sommes pas dans un marché de biens de grande consommation. Les moyennes nationales ne s’appliquent pas à notre secteur parce que l’automobile touche plutôt une tranche privilégiée des Marocains, qui est très limitée et qui ne répond pas aux mêmes critères et aux mêmes contraintes. Il y a eu des années où le PIB était en augmentation, mais le secteur ne se portait pas bien. Et le contraire est vrai. Tant que nous avons un marché très petit quantitativement, il est décorrélé des indicateurs macro-économiques nationaux tels que le PIB, pouvoir d’achat …

En tant qu’opérateurs, quelles sont les leçons que vous avez tirés de cette crise ?

Cette crise nous a appris d’être agiles et réactifs. C'est-à-dire, pouvoir accélérer très vite et freiner très vite. Nous avons appris qu’aucune situation n’est garantie. Les choses peuvent changer très vite et il faut avoir toujours un plan B et un plan C dans les tiroirs.

Est-ce qu’il y a eu des licenciements dans le secteur ?

Avec une baisse de 30% de volumes, un opérateur peut facilement passer au déficit. Or, malgré les grosses difficultés de trésorerie et autres, nous avons essayé de ne pas mettre en place des plans de licenciements. Il y a eu des réductions d’effectifs chez certains, mais ils demeurent très minimes par rapport à ce qui a été observé dans d’autres secteurs.

Le marché de l’automobile mondial fait face à de nombreuses difficultés. Quel en sera l’impact au niveau national ?

Justement, de nombreux facteurs au niveau international compliquent la donne telle que la pénurie mondiale observée actuellement en matière de semi-conducteurs qui est en train de pénaliser toute l’industrie automobile. Ce problème va probablement impacter le secteur national avec certaines perturbations de stocks dont on ne connait pas encore l’ampleur.