Karima Nadir : « Pour changer les mentalités, il faut changer les lois » (Vidéo)
Karima Nadir

 

Le collectif Hors-la-loi, à l’origine de la campagne #Stop490 en soutien à la jeune Hanae milite pour un « changement des mentalités » qu'il croit possible au Maroc. C'est ce que défend Karima Nadir, membre actif de ce mouvement, dans cet entretien vidéo.

« Le sit-in digital qu’on a lancé a trouvé ses défenseurs », assure Karima Nadir, membre du collectif Hors-la-loi, dans un entretien accordé à L’Observateur du Maroc. Il y a près de 48 heures, ce mouvement né de l’affaire Hajar Raissouni, journaliste condamnée en 2019 à un an de prison ferme pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage », a lancé une nouvelle campagne de soutien sous le hashtag #STOP490. Plusieurs internautes et quelques artistes dont Latifa Ahrar et Saïd Bey ont répondu à son appel et ont remplacé leurs photos de profils ou de couverture par un #STOP490 sur fond rouge.

Cette fois, le but est de soutenir une jeune femme qui a été condamnée, le 14 janvier dernier, par le tribunal de première instance de Tétouan à un mois de prison ferme pour « attentat à la pudeur » et « rapports sexuels hors mariage ». Hanaa, mère célibataire de deux enfants, avait en réalité été filmée dans le passé à son insu, pendant un rapport sexuel. La vidéo devenue virale a conduit à son arrestation. L’auteur de la vidéo ne fait lui l’objet d’aucune poursuite. La jeune femme est sortie de prison le 3 févier, après avoir purgé sa peine.

Dépénaliser les libertés individuelles

Avec cette campagne, le collectif voulait surtout rappeler ses revendications, c’est-à-dire l’abolition de tous les articles pénalisant les libertés individuelles. « Nous voulions trouvez une nouvelle forme de contestation en dehors des formes classiques, pour fédérer plus de gens de catégories sociales, d’âges et de perspectives différents. Nous avons senti qu’au début c’était incompréhensible. Mais les gens ont tout de suite adhéré et compris qu’en consacrant un petit peu de temps sur les réseaux sociaux à une cause, cela pourrait faire une différence dans les vies de plusieurs personnes », nous explique Karima Nadir.

Selon elle, l’identité du collectif n’a pas changé. « Nous sommes des hors-la-loi dans la mesure où nous nous proclamons, citoyens et citoyennes marocains qui vivent à l’encontre de certains articles du code pénal marocain qui jugent les personnes sur des choix de leur intimité », poursuit-elle. Pour Karima Nadir, la loi doit « garantir la sécurité et protéger l’intimité de toutes les personnes (…) au lieu de les persécuter sur des libertés individuelles ».

#Keep490

Si le hashtag #Stop490 a été adopté par plusieurs internautes, d’autres ont créé son antipode : le #Keep490. Ce dernier est même resté top des tendances Maroc sur Twitter pendant plusieurs heures. Ses défenseurs se justifient en grande partie par la « religion musulmane » du pays.

https://twitter.com/berserkrcm/status/1357389141592440832

https://twitter.com/raniaEq/status/1357458898060476416

Karima Nadir croit tout de même au changement. « Pour changer les mentalités, il faut commencer par changer les lois qui donnent une légitimité à la société pour persécuter les gens au nom des mœurs, des moralités ou des valeurs », soutient-elle. Cela va prendre le temps que ça va prendre (…), mais ça finira par se faire par la force des choses ».

Ghita Ismaïli

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