Buzzers et « bouseurs »

Moul Chakour, le « fhamator »

En voilà un personnage digne des scénarios les plus loufoques. A 37 ans, Moul Chakour a son mot à dire sur tousles sujets, spécialement ceux à connotation politique. Même sicet analyste autoproclamé se défend vivement de faire de la politique. Son surnom de tueur en série, il le doit à une vidéo où il brandit un chakour (hache) pour menacer les ténors du mouvement du 20 février. Ne se cachant pas d’être fervent défenseur du Makhzen, il se dit grand patriote. Son seul et principal souci dans la vie serait la stabilité du pays. «Ana nkoune zouine, nta tkoune zouine, mok tkoune zouina, khtek tkoune zouina, koulna nkouno zouinine », cette réplique représente le fond même de sa philosophie et de sa vision d’un Maroc « Zouine». Trop simpliste, l’argumentaire de Moul Chakour se fait dans un langage approximatif et il est savamment ponctué de rires sarcastiques devant servir à déstabiliser ses «ennemis». Car pour ce fhamator, personne n’a droit à la différence. Il n’hésite pas à renier à toute personne sa capacité à réfléchir et à croire à autre chose qu’à ses propres certitudes arrêtées et dictées par un savoir sans limite dont on ne connait même pas la provenance. Ce même savoir absolu qui permet à Moul Chakour d’attaquer les autres pays arabes qu’il traite sans gêne « d’insectes ignares».

Moul Dellaha, l’inclassable

Pire que son surnom, son sens d’analyse, et pire encore que les deux, son sens de l’humour. Mortel ! Quand Moul Dellaha n’essaie pas de faire des analyses « profondes » de la situation socio-politique au Maroc, il se livre à un exercice pour le moins périlleux : raconter des blagues. Un ratage qui enregistre quand même 127.000 visites. Moul Dellaha, Moussa Belghou de son vrai nom, a de nombreux fans qui apprécient apparemment ses positions anti-changement de quelque nature que ce soit et qui sont agrémentées d’un sens de l’humour… discutable. Moul Dellaha est multi talentueux. Il s’invente journaliste à ses heures perdues et réalise des reportages où il donne la parole à des « intervenants » avant de la reprendre pour imposer ses propres idées. S’exprimant souvent avec en arrière plan des paysages naturels réels, il nous révèle un beau jour qu’il a «chopé» l’amour de la patrie en se faisant vacciner lorsqu’il était enfant. Un patriotisme primaire qui lui donne le droit d’attaquer le voisin algérien qu’il accuse d’importer clandestinement les ânes marocains pour les égorger et en préparer une mortadelle bon marché. Pour une révélation, c’en est une !

Mayssa Salama

Ennaji, la moralisatrice

« Vous pourrez bien me traiter d’obscurantiste, de sous-développée et même m’accuser d’apologie de terrorisme…mais il me faut bien dire que la logique du Bien et du Mal s’est aujourd’hui inversée, avec une promotion au rang de militants de tous ceux qui défendent les vices et une rétrogradation vers le plus bas de ceux qui portent haut les valeurs et la morale… », C’est en ces mots que Mayssa Salama Ennaji défend sa pensée. Jeune, belle avec des dons oratoires certains, Mayssa surfe sur la religion pour titiller les craintes et les doutes d’internautes ayant perdu foi en la nature humaine. Mais le sujet préférée de ses plaidoyers vertueux reste le corps de la femme et la femme diabolique qui redouble de perfidie pour faire succomber les pauvres hommes désarmés devants ses charmes. «Je déclare ici mon entière et totale solidarité avec tous ces hommes face à ce grand calvaire qu’ils vivent chaque jour sur la voie publique, le calvaire de la vue de ces créatures nues, ou presque. Ces gens-là laisseront les femmes tomber leurs vêtements au nom de la liberté, des libertés ; et puis, ces mêmes gens vous feront taire, vous les hommes, avec des lois et des menaces de sanctions…», une réplique édifiante aux fortes connotations misogynes et qui laisse perplexe quant au back ground de son interprète. Fervente prédicatrice, Salama Ennaji n’hésite pas à exprimer ses idées arrêtées, extrémistes et surtout incriminantes. Une fois ce sont les femmes, une autre ce sont les laïques, une autre ce sont les petits voleurs auxquels elle veut absolument couper les mains… le monde de Mayssa est soit noir soit blanc. Le gris n’a pas lieu d’être dans sa vision, ni dans sa pensée, ni dans son action. Car, la jeune femme ne se contente pas de parler mais mène des frondes, donne des conférences, tourne des films de sensibilisation, écrit des articles et donne même des interviews dans lesquels elle reste fidèle à son combat intransigeant contre le MAL ! Nullement intimidée par les attaques de toute part et les groupes hostiles sur les réseaux sociaux, elle mène obstinément son bonhomme de chemin sous les applaudissements de ses 104.503 fans.

Yassine Jerram

Le petit malin

Son joli petit minois sympathique attire l’attention avant que Yassine Jerramne profère le moindre mot. Et face à son humour décapant, le public ne peut être que conquis. Intelligent, doté d’un œil critique et d’un sens d’observation développé, ce jeune humoriste a le chic de tourner en dérision la plus banale des situations. Revisitant ses souvenirs d’enfance et sa vie d’adulte, il se raconte sans complexes. Passé maitre en stand up, il sait provoquerles fous rires et enchainer. Les filles, la famille, les amis, les scènes de la vie quotidienne, Jerram sait révéler le drôle et le mettre en scène. En bon musicien, il arrive à animer ses shows, à booster leur rythme… Résultat, il se distinguer sur le web haut la main.

Khalid Cherif, la révélation

Personne ne soupçonnait que ce jeune homme aux allures gentilles en cache un humoriste aussi perspicace. Avec un sens critique fin et un humour décalé, Khalid s’attaque, avec grande aisance, à différents thèmes : phénomènes sociaux, politique, économie, traditions… Rien n’échappe à son œil railleur et à ses recherches que l’on devine approfondies. Sa série emblématique «Black moussiba » lui a attiré la sympathie de milliers d’internautes. Son passage sur un site d’information et sur une chaine télé ontfini d’asseoir sa notoriété et de la placer parmi les meilleurs talents marocains révélés par le web.

Sina, un lamentable phénomène

Après avoir mis en ligne son premier clip «My life», Sina est devenue, à la fois, la plus suivie, la plus haïe et la plus raillée sur la toile au niveau national. Son

« clip » est un étrange mélange qui n’a rien à voir avec l’art. Ni voix, ni paroles, ni composition, ni réalisation, ni montage, rien ne révèle un quelconque talent. Mais cela ne l’empêche pas de faire le buzz et du coup des milliers d’internautes se ruent sur sa page pour découvrir cette fille dont on parle, pas seulement dans les médias marocains mais même en Egypte. Mais rien n’a raison de la pérséverance de l’infatigable Sina. Les insultes qu’elle ramasse de toutes parts créent sa popularité. Offerte en pâture aux médias (sites d’information, radios…) et autres humoristes « opportunistes », elle se dit fière de son talent et raconte à qui veut bien l’entendre des histoires pour le moins intrigantes. Ses entretiens, mémorables d’ailleurs et créant le buzz à leur tour, sont révélateurs. Selon nombre d’observateurs avertis, le discours de la pauvre fille dévoile de sérieux problèmes psychiques doublés de mythomanie et de narcissisme aggravés par une soif sans limites de célébrité…au prix même de sa propre dignité humaine.

FZ Podcast

La satire en douceur

FZ ou Fatim Zahra pour les intimes, a de quoi séduire. Jeune, charmante, posée et elle a surtout de l’esprit et elle le fait savoir plutôt bien. Des ingrédients, qui bien mélangés, ont contribué à sa réussite sur Youtube. Plus de 20.000 vu à chaque post, Fatim Zahra s’est vite fait une place parmi ces nombreux concurrents. Avec des vidéos touchant à la vie du Marocain lambda, la jeune fille s’adonne à une critique constructive de la société marocaine. Avec sa voix douce, elle y va sans gants, pour disséquer les anomalies. Santé publique, artiste marocain, comportements… les sujets diffèrent mais on retrouve le même esprit: Une satire en douceur sans provocation ni crânerie.

Souhail

Le rigolo

Même s’il n’attire pas autant d’audience que les vedettes Yassine et Khalid, Souhail Echaddini reste un talent prometteur. Avec un esprit pétillant, l’adolescent s’attaque, sans complexes, aux sujets les plus corsés. L’éducation, les croyances superstitieuses, le monde de l’information, les erreurs médicales, la triche… Souhail à l’œil critique. Avec fraicheur, il tourne en dérision les situations et même les idées tout en s’amusant. A l’aise devant sa caméra, et malgré son jeune âge, ce garçon donne l’impression de grandir à coup de likes devant les yeux de ses spectateurs.