Le député, le harceleur et l’opportuniste (humeur)
Samira Sitael Abdellah Bouanou

Le chef du groupe du PID à la première Chambre a cru frapper un grand coup avec cette histoire de harcèlement sexuel à 2M. Il en a fait une question au Parlement. Le citoyen qui voit la situation lui échapper avec des perspectives fort peu réjouissantes pour son pouvoir d’achat doit se demander à quoi peut bien servir un député ? On sait maintenant que lorsqu’il s’agit d’un député de la majorité, sa fonction première est de distraire le peuple avec des questions bonnes pour les voyeuristes qui s’en délectent. Abdellah Bouanou a évoqué la question du harcèlement sexuel pour deux raisons. La première est de gêner son « frère » du parti, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement qui semble réussir dans sa mission grâce à son esprit ouvert et au respect dont il jouit de la part des médias. C’est intolérable pour le chef du groupe qui n’aime visiblement pas le rôle de crieur aux scandales auquel il doit se résoudre pour se faire entendre et maintenir l’illusion auprès de ses électeurs qu’il respecte ses engagements électoraux. D’autre part, cette question a créé une véritable crise au sein de 2M. La directrice adjointe, chargée de l’information Samira Sitael y a trouvé un moyen de faire pression sur son patron Salim Sheikh. Elle a rebondi sur l’affaire. Sa première réaction a été d’envoyer au DG un mail pour lui demander « instamment » de mener une enquête pour laver l’honneur de la chaîne. Or, tous les patrons le confirmeront, la première réaction est de soutenir leurs employés, tant que la Justice n’a pas confirmé les accusations éventuelles. Salim Sheikh, qui n’a pas répondu à sa subordonnée, mais à l’ensemble des directeurs, a mis en place une commission d’enquête composée de quatre cadres. Elle va révéler ses conclusions prochainement. Mais le débat reste chaud à la chaîne. La directrice de l’information aurait insisté sur le fait que c’est le pôle des ressources humaines qui décide lorsqu’il s’agit de stagiaires. Ce n’est pas vrai aurait rétorqué le directeur du pôle qui précise que toutes les décisions sont prises par la direction de l’information. On en est là au moment où 2M a besoin de batailler dur pour améliorer ses performances. Pourquoi  la directrice de l’information a-t-elle réagi dans le sens du député du PJD ? Est-ce un moyen de montrer à ce parti, qui veut toujours sa tête, qu’elle a fini par plier ? Ce n'est qu'une interprétation. Mais elle est plausible. En tout cas, tout ce tintamarre n’a aucun but à part de montrer que les débats qu’on veut proposer aux Marocains ne sont absolument pas au niveau des grandes réformes tant attendues. Pour clarifier les choses, le rôle d’un député est de légiférer en matière de harcèlement sexuel, pas de traiter lui-même les cas qui peuvent se produire. C’est la Justice qui en est responsable. Néanmoins,  chez tous les populistes, la règle d’or est de taper fort sur le pupitre, tout en employant, chaque fois qu'il est possible, des mots dont les moteurs de recherche sur internet sont friands. Ainsi, on parler de sexe, sans faire de sexe. Et notre malade va bien.