Mis en service il y a deux jours à peine, les nouveaux bus de Casablanca font l’objet de plusieurs attaques…. Vandalisés et interceptés, le démarrage de leur activité trébuche sur la résistance au changement.
Par Hayat Kamal Idrissi
Ce mardi matin, alors que des citoyens se rendaient sur leurs lieux de travail en empruntant la ligne Bouskoura-Casablanca du nouveau bus, ce dernier est intercepté par des chauffeurs de grands taxis mécontents. Se mettant au travers de son chemin, ils bloquent le passage en provoquant la colère des passagers retardés. Criant au scandale, les chauffeurs jugent que les nouveau bus leur font « de la concurrence déloyale en croquant considérablement dans leur recettes », s’insurgent-ils.
Les réclamations
Une riposte qui intervient au lendemain d’une autre manifestation organisée par les représentants syndicaux des chauffeurs de taxis de Casablanca devant la gare routière de Oulad Ziane. « Le secteur est tellement éprouvé par toute une année d’activité menée au ralenti et plombée par la crise. Beaucoup de chauffeurs professionnels et de propriétaires souffrent et n’arrivent plus à joindre les deux bouts », décrit Lahbib Bounezal, secrétaire provincial de la section de la préfecture de Mers Sultan Al Fidaa. « Nous réclamons le retour immédiat à la capacité de 6 passagers, l’autorisation d’exercer en dehors du périmètre urbain sans oublier la lutte efficace contre le transport clandestin », ajoute le représentant syndical.
Objet de controverse actuellement, le nombre de passagers est devenu une source de conflit entre les chauffeurs et les clients. « Beaucoup de chauffeurs se font payer avec le nouveau tarif de 4 passagers alors qu’ils en transportent 6. C’est du vol tout simplement », déplore Yassine Mortada, téléopérateur et utilisateur régulier de grands taxis de l’axe Salmia-Derb Omar. Avec l’arrivée des nouveaux bus, ce dernier nous affirme qu’il n’hésitera pas à troquer le grand taxi contre un moyen de transport d’une aussi bonne qualité et avec un cout moindre.
Le scénario Uber ?
Un raisonnement qui n’est pas du goût des taxidrivers en colère qui se sentent déjà menacés. La flotte de 450 bus flambant neufs qui desservira plusieurs lignes de la capitale économique porte un coup dur au secteur, affirment-ils. Rappelons que la totalité de la flotte, 700 bus, sera fin prête avant la fin du mois de septembre prochain. Quant aux tarifs appliqués, le prix a été fixé selon la distance, comme l’affirme le maire de la ville Abdelaziz El Omari. Ainsi le transport au sein de Casablanca coûtera 5 DH tandis que pour les distances de moins de 30 km, le prix du ticket sera de 6 DH et 8 DH pour celles dépassant 30 km. Dix nouvelles lignes seront ajoutées d’ici septembre 2021 pour relier des zones urbaines aux zones industrielles.
Une bonne nouvelle pour les habitants de la métropole mais pas pour les chauffeurs de taxis qui accusent le bus de croquer une belle part de leurs recettes. Leur attitude défensive de ce matin rappelle d’ailleurs le comportement des chauffeurs de petits et grands taxis, au lendemain de l’arrivée sur le marché marocain et casablancais du service Uber. Des courses poursuites, des attaques et autres agressions physiques étaient le lot quotidien des chauffeurs d’Uber… avant que ce dernier ne met fin à son activité au Maroc.
Riposte populaire
Aujourd’hui le même scénario risque de se reproduire sauf que cette fois-ci les Casablancais en colère, investissent les réseaux sociaux en dénonçant tout acte de vandalisme. Une fronde populaire a déjà pris la forme d’un hashtag largement partagé « Hafilatouna amana ».
Accusant, dénonçant et réclamant le droit à un transport digne de la capitale économique, les internautes n’hésitent pas à pointer du doigt les éventuels responsables des actes de vandalisme. Ceci tout en appelant à l’application de lourdes peines contre les coupables. Rappelons que la police de Casablanca a déjà arrêté deux mineurs soupçonnés d'être impliqués dans des actes de vandalisme contre deux bus de la nouvelle flotte, le vendredi 12 février.