Lobbying algérien : Des milliards pour rien

Le pouvoir algérien bat des records en dépenses pour le lobbying. En attestent ces chiffres déjà publiés et jamais contestés.

 

Selon des informations obtenues et publiées par le magazine jeune Afrique, l’ancien gouvernement algérien a dépensé 2,3 millions de dollars entre 2014 et mars 2020 en frais de lobbying en faveur de cabinets américains. L’argent sortait aussi des caisses de la Sonatrach et il y a des raisons à toute cette générosité.

Selon une source citée par le magazine, « ce choix a été fait sous l’impulsion de l’ambassadeur algérien à Washington, Madjid Bouguerra », ce n’est donc pas une question en relation avec les activités de la société. Et la source précise que l’ambassadeur « jugeait que les Marocains avaient la mainmise sur le lobbying aux États-Unis et pensait que l’Algérie devait tenter de les contrecarrer ». Résultat des courses, les lobbyistes américains en profitent bien. Le spécialiste de l’arbitrage international Foley Hoag LLP pouvait facturer 420.000 dollars, pour 23 rencontres avec des officiels du département d’État et des membres du Congrès sur des questions relatives aux relations algéro-américaines, le respect des droits de l’homme. Et bien sur le droit à l’autodétermination, autrement-dit le Sahara. Il ne saurait être question de l’autodétermination de la Kabylie.

C’est par le biais de ce cabinet que l’ancien premier ministre Ahmed Ouyahia avait accordé une audience à une délégation de congressistes américains conduite par James Inhofe, président du Comité des forces armées du Sénat américain, toujours selon Jeune Afrique. La délégation a visité un camp de réfugiés de Tindouf. Le but est clair. Ahmed Ouyahia est aujourd’hui en prison.

Le cabinet Keene Consulting International a été engagé en octobre 2018 sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika. Dirigé par David A. Keene, ancien président du puissant lobby des porteurs d’armes, la National Rifle Association, avait gagné 263.969 dollars.

Deux de ses agents ont rencontré plusieurs membres du Congrès et des officiels du département d’État. D. Keen s’était entretenu avec John Bolton, l’ancien conseiller de Donald Trump.

D. Keen essaie de véhiculer une image favorable du président algérien Abdelmajid Tebboun dont il a vanté les réformes « courageuses » et « pleines de bons sens », sur les colonnes du Washington Times.

International Policy Solutions est un autre cabinet sollicité par Alger. Basé à Washington, il a été aussi engagé par le groupe pétrolier Sonatrach. Facture : 174.870 dollars.

Tout cet argent n’a pas pu empêcher les Etats-Unis de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara et y ouvrir un consulat. Pertes et profits.