L’outrage au président remplit les prisons algériennes

A la veille du 2e anniversaire du déclenchement du Hirak en Algérie, de nombreux militants ont été envoyés en prison.

 

Cherchant à intimider la contestation de masse qui se prépare dans le pays, le régime algérien actionne le levier de la justice pour expédier ses opposants derrière les barreaux.

Lundi 15 février, la justice algérienne a condamné à des peines de prison ferme plusieurs militants du Hirak.

La peine la plus lourde a été prononcée par le tribunal de Bordj Bou Arreridj, près d’Alger, à l’encontre Chems Eddine Laalami, dit Brahim. Ce jeune militant a été condamné à deux ans de prison, assortis d’une amende de 200 000 dinars (plus de 13.000 DH), pour « offense au président de la République », « outrage à corps constitué » et « publication de fausses informations ».

Âgé de 29 ans, Brahim était en détention provisoire depuis le 9 septembre dernier. Selon des déclarations de son avocat à l’AFP, le parquet avait requis quatre ans de prison ferme et une amende de 500 000 dinars contre ce militant.

Par ailleurs, le tribunal de Timimoun, dans la région d’Adrar (sud) a condamné le 12 janvier dernier, trois autres militants, dont un rappeur berbère, à différentes peines de prison ferme. Il s’agit de Yasser Kadiri et Saïd Zegar (un an de prison chacun) et Khelil Kheyi (six mois). Là encore le « crime d’outrage au président» , en particulier, est à l’origine de ce verdict. Eux aussi étaient en détention provisoires depuis septembre dernier.

Cinq autres militants, jugés à Adrar, risquent eux aussi d’être jetés prison. Le verdict était attendu le 19 janvier.

La vague d’emprisonnement est telle qu’un Comité national de libération des détenus (CNLD) a été créé pour venir en aide aux nombreux prisonniers d’opinion en Algérie. Cette association recense, au 15 février 2021, sur sa page Facebook, plus de 220 détenus en Algérie en lien avec les protestations du Hirak et/ou les libertés individuelles. L’ONG publie régulièrement les noms de ces prisonniers par wilaya. D’autres verdicts vont tomber incessamment et d’autres noms viendront s’ajouter à sa longue liste.

Au vu de la remobilisation en cours pour ces prisonniers et contre la situation désastreuse en Algérie, au lieu de faire taire la contestation, ces emprisonnements en série l’enflamment. De jeunes Algériens le clament de différentes façons sur les réseaux sociaux : « il sera difficile pour les galonnés pyromanes d’éteindre l’incendie du 22 février qui s’annonce ravageur pour le régime ».

 

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