Des politologues algériens dénoncent

Il n’y a pas mieux que des experts algériens pour évaluer la situation qui prévaut dans leur pays.

 

La rhétorique du régime algérien sur les menaces extérieures vise à créer un sentiment de peur et de doutes dans le pays », a affirmé Louisa Dris-Aït Hamadouche dans un entretien que cette la politologue algérienne a accordé au média algérien "Tout sur l’Algérie” (TSA).

« C’est une façon de déresponsabiliser les détenteurs du pouvoir de décider, de faire diversion vers une cible autre que les responsables politiques, de créer un sentiment de peur et de doutes qui suscitent des comportements conservateurs et le statu quo », a-t-elle ajouté.

La chercheuse a également fait savoir qu’il s’agit d’une rhétorique classique et redondante, notant que chaque fois que les régimes en déficit de légitimité interne sont en proie à des tensions internes impossibles à gérer avec les instruments classiques, ils ont recours au complot ourdi de l’extérieur.

Pour rappel, dans sa dernière sortie, le porte-parole du gouvernement algérien, Ammar Belhimer, avait une nouvelle fois évoqué « la main étrangère ». Laquelle, selon lui, tente de d’infiltrer le Hirak pour saper la stabilité de l’Algérie.

Or, Sofiane Sekhri, autre politologue très respecté en Algérie, prévient dans un récent entretien accordé au journal algérien Liberté que tous les ingrédients d’une explosion sociale en Algérie sont réunis. Le politologue a ajouté que le «processus actuel se poursuivra de la même manière et engendrera les mêmes échecs ». Pour lui, l’échec du gouvernement est un échec du système. Il souligne aussi que la nouvelle Constitution algérienne n’a pas réglé le problème des équilibres des pouvoirs car « on ne s’est pas éloigné du pouvoir personnel. Bien au contraire ».

Pour Mohamed Hennad, autre politologue s’étant exprimé en octobre dernier dans le même journal, en se sentant acculé par un manque flagrant de légitimité, le régime algérien opte pour une démarche autruchienne. Cet ancien professeur de sciences politiques à l’Université d’Alger résume la démarche du pouvoir en ces mots :

« Ou tu es avec moi ou tu te tais ! ».

Le politologue affirme que les partis politiques n’existent plus que virtuellement en Algérie, que pratiquement tous les journaux et toutes les chaînes TV ont été tenus en laisse, à l’image de leur grande sœur, l’ENTV et que les sites électroniques critiques ont été tout simplement bloqués. Ne se faisant pas d’illusion, il lance : « il faut se rendre à l’évidence qu’il s’agit là de la seule manière pour le pouvoir de procéder pour permettre à un système, en fin de vie, de survivre un tant soit peu ».

Répression et propagande

Concernant la situation des droits de l’Homme en Algérie, Louisa Dris-Aït Hamadouche s’arrête sur les arrestations, les convocations, les procédures non conformes aux lois, les dépassements, les censures. Elle note aussi qu’en Algérie, l’opposition n’a pas le droit de se réunir et les médias publics sont restreints dans un discours uniforme plus proche de la propagande que de l’information.

« Ce n’est certainement pas en agissant ainsi qu’ils arrêteront le soulèvement populaire ou empêcheront les marches de reprendre », a expliqué la politologue, estimant que les manifestations de rue mises à part, le Hirak ne s’est pas arrêté car l’essentiel de ses revendications n’ont non seulement pas été réalisées, et leur légitimité s’est renforcée.

Louisa Dris-Aït Hamadouche a également fait savoir que la gestion politique et médiatique des longues absences du chef de l’Etat sont symptomatiques du fait que c’est tout le système institutionnel qui est malade, et pas seulement la personne du président.

 

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