Le débat reprend. « La France n’a pas colonisé l’Algérie. Elle l’a fondée »

Le débat sur la colonisation française en Algérie fait toujours rage. Après une relative accalmie, il refait surface à l’occasion du Hirak qui exige le départ des hommes à la casquette du pouvoir. Côté français, certains soutiennent que la France a créé l’Algérie, ce que les militaires algériens qui tiennent tous les pouvoirs, n’admettent pas.

« La France n’a pas colonisé l’Algérie. Elle l’a fondée ». Sous ce titre, le site Boulevard Voltaire dresse un constat historique et rétablit en quelque sorte une vérité oubliée. L’auteur Xavier Scott, rappelait en 2017, que l’idée que la France ait fondé l’Algérie et donc ne l’ait pas colonisée, vient de Ferhat Abbas, le leader du Front de libération nationale (FLN) et président de la république algérienne du temps du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), lui-même. L’actualité de l’article vient du fait qu’il recalcule sur les réseaux sociaux aujourd’hui.

« On l’oublie souvent, mais l’identité algérienne n’existait pas avant 1830. Jusqu’au VIIIe siècle, les populations qui y vivaient étaient d’origine phénicienne, berbère, romaine et de religion majoritairement chrétienne. Ce sont les Arabes, peuple nomade venant du Moyen-Orient, qui ont envahi toute l’Afrique du Nord et converti de force toutes ces populations. Ainsi, et après quelques siècles de domination arabo-islamique, il ne restait plus rien de l’ère punico-romaine », souligne l’auteur.

Plus tard, au XVIe siècle, les Ottomans ont pris possession du territoire, avec Alger pour capitale.

« C’est alors que se développa, pendant près de 300 ans, la piraterie barbaresque, arraisonnant tous les navires de commerce en Méditerranée, permettant, outre le butin, un trafic d’esclaves chrétiens, hommes, femmes et enfants. Ainsi, dans l’Alger des corsaires du XVIe siècle, il y avait plus de 30.000 esclaves enchaînés », notre Xavier Scott.

Plusieurs ripostes ont été entreprises, dont celle de Charles Quint, puis celles des anglais, des Néerlandais et même ceux de la jeune nation américaine, également victime des actes de piraterie et d’esclavagisme.

Le débarquement des troupes françaises, en 1830, a mis fin au phénomène. « La France ne massacra pas les peuples qu’elle venait de conquérir. Au contraire, la France soigna, grâce à ses médecins, toute la population, amenant cette dernière de moins d’un million, en 1830, à dix millions, en 1962. De plus, la France draina, assécha, fertilisa des sols à l’abandon depuis des siècles, transformant une agriculture moyenâgeuse en une agriculture riche, prospère et exportatrice », soutient l’auteur. Côté algérien, on soutient par contre que la colonisation de peuplement française a fait plus de 4 millions de morts.

Par ailleurs, écrit-il, la France respecta aussi la langue arabe, l’imposant même au détriment du berbère, et respecta la religion musulmane.

La France n’était pas motivée par des considérations philanthropiques, reconnaît l’auteur, « mais cela n’enlève rien au fait qu’elle a réussi à désarmer les différentes tribus et mis en place une infrastructure durable (encore utilisée aujourd’hui) qui a été capitale pour l’État naissant de l’Algérie ». Par ailleurs, « le nom même du pays a été donné par la France en 1839 : jusqu’alors, il était officiellement appelé « le pays de Barbarie ».