Coronavirus. Du pain béni pour les gouvernements et les entreprises

« Le virus s’attaque aussi aux droits politiques et civils et réduit davantage encore les espaces civiques d’expression ». Cette énorme déclaration a été faite par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors de la quarante-sixième  session ordinaire du  Conseil des droits de l’homme, à New York, le 22 février.

Le Secrétaire général précise: « Brandissant la pandémie comme prétexte, les autorités de certains pays ont pris des mesures de sécurité sévères et adopté des mesures d’urgence pour réprimer les voix dissonantes, abolir les libertés les plus fondamentales, faire taire les médias indépendants et entraver le travail des organisations non gouvernementales ». Lourdes accusations qui ne sont certainement pas sans fondement, puisque c’est le SG de l’ONU en personne qui les porte. Il rappelle que des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des militants, et même des professionnels de la santé, "ont fait l’objet d’arrestations, de poursuites et de mesures d’intimidation et de surveillance pour avoir critiqué les mesures –ou le manque de mesures– prises pour faire face à la pandémie ».

Et ce n’est pas tout. Selon A. Guterres, les restrictions liées à la pandémie servent d’excuse pour miner les processus électoraux, affaiblir les voix des opposants et réprimer les critiques ».

Voilà donc comment des Etats ont exploité la pandémie. Mais les entreprises privées sont-elles innocentes? « En ce moment même, une vaste bibliothèque d’informations est constituée sur chacun et chacune d’entre nous. Pourtant, nous n’en possédons pas réellement les clefs.  Nous ne savons pas comment ces informations ont été recueillies, par qui, ni à quelles fins », souligne le SG de l’ONU. Mais en fait, il sait à quoi elles vont servir, puisqu’il le dit juste après: « Ces données sont utilisées à des fins commerciales, notamment de publicité et de marketing, et servent à augmenter les revenus de ces entreprises ». Voilà c’est très clair. Ainsi, dit-il, nos comportements et habitudes deviennent des marchandises qui sont commercialisées comme des contrats à terme. Tout cela a abouti à l’apparition de modèles commerciaux inédits et d’industries entièrement nouvelles, qui ont contribué à une concentration toujours plus grande des richesses et à un accroissement des inégalités.

Autrement dit, la pandémie n’a pas été un drame pour tout le monde. Alors que certains en meurent d’autres s’enrichissent grâce aux opportunités offertes et saines à la volée.