De l’intérêt bien compris
Ahmed CHARAI

Une réunion de la CGEM à Laâyoune, cela va au-delà du symbolique, car elle intervient dans le sillage du rapport du Conseil économique, social et environnemental qui préconise une nouvelle stratégie de développement pour les provinces du Sud. Une nouvelle vision pour la promotion de l’investissement productif en s’appuyant sur les potentialités de ces provinces, qui sont réelles. Les opportunités existent dans tous les secteurs. Parler de patriotisme des entreprises marocaines parce qu’elles s’engagent à investir, c’est à notre avis un peu cavalier. Les difficultés de ces régions, en particulier l’éloignement, ne les empêchent pas d’offrir des possibilités réelles de développement. L’investissement est lié à l’espérance de profits. Il n’y a pas de mécénat dans le cash de l’entreprise.

L’analyse du risque est un facteur décisif dans le financement d’une création d’entreprise. Seules des entités ayant des missions de service public, telles que la CDG, peuvent enfreindre cette règle, dans le cadre d’un programme gouvernemental, et elle le fait depuis déjà des années. Forts de cette conviction, on peut saluer la démarche de la CGEM, mais toujours en la liant à la stratégie du Conseil économique, social et environnemental. Les pouvoirs publics doivent mettre en place une batterie de mesures incitatives à l’investissement productif, créateur d’emplois. Depuis la récupération de ces territoires, le Maroc a fourni des efforts énormes pour les mettre à niveau sur le plan des infrastructures. Il faut sûrement un effort supplémentaire sur les routes, les aéroports, les ports et l’énergie.

Il faudra aussi réviser un certain nombre de contraintes administratives dans le sens de la facilitation. Un effort soutenu en matière de formation professionnelle, dans les métiers ciblés, doit être également fourni pour qu’une maind’oeuvre qualifiée soit disponible, élément important dans la décision d’investissement. Ces préalables sont décisifs et il était nécessaire de le rappeler. Mais effectivement, les patrons marocains sont comme tous les Marocains, attachés à leur pays et s’intègrent depuis toujours à tous les projets nationaux d’envergure et ce depuis l’indépendance. Leur intérêt bien compris c’est d’investir massivement au Sahara. Si le Maroc est une porte pour l’Afrique, les provinces du Sud le sont de manière encore plus évidente.

Des activités qui visent le marché subsaharien sont mieux à Dakhla qu'à Casablanca, elles gagnent plusieurs centaines de kilomètres dans le transport. La stratégie du Conseil économique, social et environnemental préconise la mobilisation de tous les acteurs pour réussir ce projet de développement. La CGEM a montré ses dispositions, le système financier ne peut que suivre, reste l’exécutif. Même dans cette période de vache maigre sur le plan budgétaire, il doit faire l’effort, non pour des raisons politiques mais au nom de la solidarité nationale. Il faut mettre l’économie des provinces du Sud au niveau de celles du Nord, au profit d’un développement intégré, socle de l’unité nationale.