Sécurité routière : La pandémie réduit les accidents

 

 

La crise sanitaire s’est avérée bénéfique pour la sécurité sur les routes marocaines. Le dernier bilan de NARSA révèle une baisse significative de tous les indicateurs relatifs aux accidents de la circulation en 2020. Détails

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

L’année 2020 a été beaucoup plus clémente que 2019 en termes de sécurité routière. C’est ce que vient de révéler le dernier bilan de l'Agence nationale de la sécurité routière (NARSA).  Ce dernier fait état d'une baisse significative de tous les indicateurs relatifs aux accidents corporels de la circulation, au titre de l'année 2020, en comparaison avec l’année précédente.

Une année clémente

Dans ce bilan, la NARSA présente les statistiques d'accidents de la circulation enregistrés sur l'ensemble du territoire national durant l’année qui vient de s’écouler. Des chiffres révélateurs soulignant clairement l’impact de la crise sanitaire et l’Etat d’urgence sur la sécurité routière dans notre pays. Ainsi 85.208 accidents corporels ont été enregistrés, soit une diminution de 17,06%, dont 2.499 accidents mortels, avec une diminution de l’ordre de16,98%. Quant au nombre des personnes tuées sur les routes, il a diminué de 18,03 avec 2.774 décès. Même constat pour les personnes blessées. Le bilan annuel atteint 6.539 blessées graves avec une nette  diminution de 22,31%, et 112.516 blessées légères, soit une diminution de 19,20%.

D’après les explications de NARSA, cette baisse remarquable en 2020 des différents indicateurs de la sécurité routière s’explique par la crise sanitaire liée au Covid-19 et aux mesures relatives à l’Etat d’urgence appliqué au Maroc depuis le 20 mars 2020. Une situation qui a largement réduit le volume du trafic routier et la mobilité des personnes en la limitant au strict minimum. Tout en diminuant par la même occasion les risques routiers.

 

S’attaquer aux causes

Rappelons qu’en cette année 2021, la NARSA et le gouvernement se focaliseront sur la réalisation du programme de traitement des causes des accidents sur les axes routiers évalués comme dangereux. Ce programme ambitieux rentre d’ailleurs dans le déploiement des dispositions de la stratégie nationale décennale de la sécurité routière. Doté d’un budget de trois MMDH, la réalisation de ce programme sera étalée sur cinq ans. « L’objectif étant de baisser le nombre desq accidents de la circulation au niveau de certains axes et points jugés dangereux. Et ceci, à travers le renforcement des équipements et de la signalisation », note la feuille de route du ministère de l’Équipement, du transport, de la logistique et de l’eau.

S’attaquant aux « axes dangereux », 47 opérations ont été déjà menées dans ce cadre avec la construction de murs de protection et l’aménagement des passages de piétons. Toujours dans le sens de la sécurisation des routes, spécialement celles rurales réputées pour leur état délabré, ce programme prévoit « l’élargissement des routes étroites et l’amélioration des itinéraires », note la feuille de route. D’après les prévisions du ministère, le programme des routes rurales devrait atteindre les 90 % de ses réalisations  en fin 2021. Le bilan 2020 rappelle également le coup d’envoi qui a été donné pour l’ouverture de 5.665 Km de routes pour une enveloppe de 128 MDH.

 Entraves

Pour rappel, le dernier rapport parlementaire élaboré par la Commission des infrastructures signale la problématique de la convergence des programmes lancés notamment pour ce qui concerne l’élargissement du réseau routier et la mise en œuvre des mesures de prévention des accidents de la circulation. La multiplicité des intervenants et le chevauchement des missions de chacun représentent en effet de véritables entraves à la réalisation fluide des objectifs de la stratégie nationale.

Financement, désenclavement, entretien des routes… autant de points qui restent en suspens entre  tutelle, collectivités locales et autres intervenants. Résultat : Plus de 15.000 km restent à construire pour boucler la deuxième tranche du programme national tandis que les collectivités territoriales trainent encore 750 MDH d’arriérés en entravent l’aboutissement de plusieurs projets. Ceci en sachant qu’en termes de gouvernance, ces dernières  doivent contribuer à hauteur de 15 % au  financement des projets locaux. Une problématique qui remonte à la surface la grande question de la bonne gouvernance et de la gestion des finances locales pour des services publics de proximité de qualité y compris la sécurité routière.