« Super Heroes in Morocco » by Gregory Chekib

Grand amoureux du Maroc et installé au pays depuis 2007, l’illustrateur et directeur artistique franco-libanais Gregory Chekib (gregZ) nous parle de sa nouvelle série d'illustrations intitulée "Super Heroes in Morocco" Part. 1, imprimée en Edition limitée. Inspirée de l’univers coloré de Greg Léon Guillemin et du style mystérieux de Mr Garcin, la série intègre des personnages célèbres de la pop culture au contexte marocain ; le tout traité avec un zest d’humour satirique et une touche d’ironie décalée.

 

 

 

Passionné de BD, de mangas et de comics célèbres depuis son plus jeune âge, Gregory Chekib est un illustrateur contemporain qui s’inscrit dans l’air du temps. Particulièrement sensible à la culture grafitti et de son renouvellement esthétique, l’artiste sort sa série d’illustrations inédite intitulée « Super Heroes in Morocco » (Super Héros au Maroc) où il se joue de la société marocaine, de ses contradictions qu’il rend plus apparentes que jamais, de ses codes, qu’il plie et tort. À sa manière, il réinterprète et détourne l’univers coloré des mangas, de la pop culture et des célèbres comics américains qui ne ressemble jamais à ce qu’il a l’air d’être. Tel un psychanalyste divertissant d’une société polysémique, il accorde une importance primordiale aux détails. Parfaitement exécuté, le travail de Gregory est d’une esthétique déconcertante, complété par un talent du cadrage, de la mise en scène, qui traduit une passion illimitée pour le 7e art.

 

 

 

Nourri aux mamelles de figures mythiques de la pop culture, Gregory Chekib est fasciné par l’humour noir et l’ironie décalée de la BD franco-belge ainsi que l’univers hilarant d’artistes comme Marcel Gotlib, Franquin, Gosciny, Frank Margerin, Edika. Ou encore celui des street artistes réputés comme JonOne, Futura 2000, Lokiss, les skii, les PCP, Banksy, Sheffard Fairey et bien d’autres.

A travers ses œuvres, Gregory Chekib tente de « véhiculer des émotions tout en racontant une histoire ». Il traite avec humour et légèreté des sujets sérieux et essaie de toucher son public d’une manière singulière. Dans sa nouvelle série de super héros au Maroc, l’artiste interroge la société marocaine qui l’entoure sur son propre rôle, sa fonction, et surtout ses travers. Il reprend ainsi des personnages connus de la pop culture, tels que Batman, Superman, Ironman, Antman, Aqaman, Daredevil, Deadpool, Hulk ou Captain America, et leur insuffle une pointe d’ironie et un zest d’acidité.

 

 

 

Comment est née l’idée pour cette série ?

 

L'idée m'est venue en 2018 en regardant les travaux de Mr Garcin et de Greg Léon Guillemin. Au début, je voulais mettre en scène des personnages divers de la pop culture (comics, manga, jeux vidéo...) et par la suite, j'ai réalisé des illustrations de super héros mis dans des situations improbables. Vous savez, je dessine depuis tout petit, j'ai grandi avec les comics et j’ai toujours été fasciné par l’univers des mangas et je me suis dit que ça pouvait être intéressant de placer des personnages de la pop culture dans un contexte marocain.

 

 

J'ai commencé alors par les plus célèbres tels que Batman et Superman et plutôt que d’alterner avec des personnages d'un autre univers genre mangas ou Walt Disney, j’ai préféré continuer la série avec les Superhéros en réalisant un maximum selon mon inspiration. La première série part 1 est composée de 17 tableaux dont 1 tryptique.

Chaque personnage a un lien avec le cadre ou le lieu où il se situe, selon ses spécificités et son pouvoir, le tout abordé avec ironie et humour subtile, en faisant abstraction bien sûr des clichés « tarbouche sur la tête » ou « babouches aux pieds ».

 

 

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

 

Je suis particulièrement attiré par la culture pop, les jeux vidéo, les mangas, le Japon, les comics, le cinéma... j'ai baigné dans ces univers depuis tout petit et j’avoue qu’il me fascine. J’aime aussi l’humour noir, l’ironie un peu décalée, le second degré, …la BD franco-belge et les auteurs comme Marcel Gotlib, Franquin, Gosciny, Frank Margerin, Edika...c’est pour cette raison qu’il faut toujours prendre mon humour au second voir 3e degré.

Je suis également un mordu de l’univers du graffiti et du Street Art. Pendant mes études, en plus des mangas, j'étais plus branché graffiti. J'avais des amis graffeurs qui m’ont donné goût à pratiquer cet art. Certains sont devenus très connus comme 123klan mêlant avec brio graphisme et graffitis ; Scien, le maître de l’humour 3e degré, …j’aime aussi les œuvres de JonOne, Futura2000, Lokiss, les skii, les PCP...et bien sûr Banksy, l’américain Sheffard Fairey et bien d’autres.

 

 

Comment adaptez-vous les personnages aux lieux marocains dans lesquels ils évoluent ?

 

C'est un travail de recherches. Je prends un super héros et j’essaie de voir dans quel cadre il va matcher en fonction de ses pouvoirs, de son caractère, de son costume etc... et imaginer dans quelle situation ou lieu typique marocain, il pourrait se trouver et ce qu'il ferait. J'essaie de trouver le bon « insight » avec le bon personnage. Et surtout sans rentrer dans la simplicité (babouche aux pieds, tarbouche sur la tête...). Il faut que ce soit subtile, drôle, cocasse, que ça fasse sourire sans méchanceté, que ça dérange aussi sur certains détails, parfois ironique...j’essaie à travers ma mise en scène de montrer la réalité et le quotidien des marocains d'une façon originale et décalée.

Je trouvais que c’était original de mixer la pop culture et le Maroc de cette manière. La richesse et la diversité culturelle du pays, la spécificité de la société marocaine, les habitudes et le vécu des Marocains m’inspirent énormément et je trouvais qu’il y avait matière à exploiter, histoire de dénoncer à ma façon, avec une touche d’ironie, certains travers de la société ! En fait, j'essaie de véhiculer des émotions tout en racontant une histoire.

 

 

Quels sont vos personnages préférés ?

 

Mon personnage préféré est Spiderman. C'est un humain plutôt banal avec ses problèmes d'argent, de couples, de travail, de famille...etc. Je trouve que l’on s'identifie plus facilement à lui. Et bien sûr son costume mythique très « classe » et qui reste indémodable.

 

 

Qu’est-ce qui vous passionne dans la BD ?

 

J'adore la BD car j'ai grandi avec. J'ai commencé avec la bande dessinée franco-belge humoristique Gaston Lagaffe vers mes 10/12ans...et je n'ai jamais arrêté d'en lire ! A cette époque, je m'intéressais autant aux dessins qu’à l'histoire, pour moi, la BD est un moyen d'expression extraordinaire qui, avec un simple crayon procure tout un tas d'émotions, à l’image d’un livre avec des images ou un film sur papier. J'ai toujours été fasciné par le talent des dessinateurs de BD et le travail énorme qu'ils fournissent juste pour apporter des émotions aux gens.

C'est aussi un métier de "solitaire", on est seul face à sa feuille blanche. Ce n'est pas simple et c'est aussi un peu ce que je suis. Lorsqu’on dessine, on s'isole, on vide la tête, on est seul avec soi-même.

 

Vos projets ?

 

 

 

J'ai commencé mes illustrations de super héros et de personnages musclés en 2018. Mais il y a quelques années, j’avais créé avec un collègue de travail "Trizobik", une BD humoristique qui racontait le quotidien d’une bande de 4 jeunes glandeurs marocains.

J’aimerais continuer la série « Super Heroes au Maroc », mais cette fois-ci avec des personnages de mangas. Je souhaiterais également faire une exposition solo ou avec d'autres artistes pour plus de visibilité et afin de montrer mon travail à un maximum de personnes. J’aimerais réaliser des t-shirts avec me personnages imprimés dessus et lancer par la même occasion une gamme de produits traditionnels (vases, assiettes...) et mobilier, en les customisant avec des dessins style "doodles", des patchworks de personnages...

 

 

J'aimerais à l’avenir réaliser une autre BD. J’ai déjà l’idée, un scénario de base et un personnage. Ça serait également humoristique et loufoque, avec un dessin plus léger et des personnages un peu bizarres. Malheureusement, ça demande énormément de temps et d'investissement pour peut-être pas grand-chose. Il faut trouver aussi un scénariste pour développer les dialogues et utiliser des expressions "marocaines" !

Disponibles en format 50x75 cm, les œuvres imprimées sur papier photo fine art sont proposées en série limitée à 10 exemplaires chacune, elles sont toutes numérotées et signées GregZ ( @gzgraphik ). J’aimerais bien en faire des impressions très grands formats pour habiller des murs...pourquoi pas !

 

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