Rapport ICG sur le Sahara : Ingérences algériennes, soutien militaire d’Alger au Polisario et nécessité du dialogue 

 

Le très influent International Crisis Group (ICG) vient de publier un rapport analysant le conflit du Sahara à l’aune de la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

 

 Fidèle à sa vocation d’outil de réflexion pour la prévention et la résolution des conflits armés, l’International Crisis Group (ICG) a livré une analyse actualisée du conflit du Sahara, qu’il qualifie de «dormant» tout en le jugeant «menaçant». Ses experts préviennent d’une escalade entre le Maroc et le Polisario, qui aurait, selon eux, des conséquences désastreuses non seulement au Maghreb, mais dans toute la région du Sahel.

Le point de départ de ce rapport-alerte est expliqué par le blocus qu’avait tenté d’imposer le Polisario à Guergarate en flagrante violation du cessez-le-feu, ce qui avait contraint le Maroc à intervenir pour sécuriser le passage des biens et des personnes à travers cette zone tampon.

 

Biden ne reviendra pas sur la reconnaissance

La situation reste tendue, notent les experts de l’ICG, surtout après la reconnaissance des États-Unis de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur le Sahara.

Une reconnaissance que le président Biden maintiendra, prévoient les auteurs du rapport au vu des enjeux politiques et géostratégiques qu’elle sous-tend. Ils excluent donc tout revirement en montrant le lourd coût politique qu’il pourrait avoir.

Les experts s’arrêtent aussi sur la réalité du terrain en soulignant les nombreuses implantations de consulats étrangers dans le Sahara marocain et le soutien exprimé par de nombreux pays au Plan d’autonomie proposé par le Maroc comme solution définitive à ce conflit. Ce Plan a été d’ailleurs jugé unanimement réaliste, sérieux et crédible par de nombreux pays, y compris de grandes puissances siégeant au Conseil de sécurité, en plus de l’ONU elle-même.

 

Retour au dialogue

Les auteurs du rapport de l’ICG va dans le sens de l’encouragement du retour, au plus vite, des différents intervenants autour de la table du dialogue politique, sous l’égide de l’ONU. Dans cette perspective, ils appellent à la nomination en urgence d’un Envoyé spécial onusien au Sahara qui se fait attendre depuis maintenant deux ans.

À travers son rapport, la sentinelle de la paix qu’est l’ICG invite donc Washington à faire accélérer cette nomination pour une relance rapide des pourparlers politiques devant préserver le cessez-le-feu et amener une paix durable.

De bout en bout de leur rapport, les expert du Think Tank américain sonnent l’alerte. « La faible intensité apparente du conflit du Sahara ne saurait justifier l’inaction. Pour eux, même si le risque d’embrasement reste faible, pour le moment, une escalade militaire ne serait pas exclue. Ils supposent que l’une des étincelles qui pourraient allumer le feu pourrait provenir d’«un incident militaire à travers une ingérence algérienne, avec par exemple une intensification des transferts d’armes d’Alger vers le Polisario». Les auteurs du rapport soulignent clairement que l’Algérie soutient la stratégie militaire du Polisario.

En adressant cet éclairage aux faiseurs de paix et à la communauté internationale, l’ICG exhorte les États-Unis et le Conseil de sécurité de l"ONU à intensifier considérablement leurs efforts pour résoudre le conflit du Sahara.