Réformes. La Banque mondiale veut appuyer le Maroc

La banque mondiale est prête à renforcer son soutien aux efforts de développement économique et social du Maroc. Elle entend apporter son appui aussi aux différents chantiers de réformes prioritaires engagés.

A l’occasion de sa visite au Maroc, le vice-président pour la région MENA à la banque mondiale, Ferid Belhaj a fait part de la disposition de son institution à apporter son appui, tant technique que financier, aux différents chantiers de réformes prioritaires engagés par le Royaume. Reçu par le ministre de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration, Mohamed Benchaaboun, ce dernier a rappelé les chantiers de grandes envergures qui sont en cours de mise en place notamment la relance de l’économie portée par le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, la réforme du secteur public et la généralisation de la couverture sociale.  Benchaaboun a saisi l’occasion de cette réunion pour inviter la Banque mondiale, de par son expertise, à soutenir les efforts du Gouvernement. Les deux responsables ont, par ailleurs, réaffirmé leur engagement et volonté commune pour réussir l’organisation des Assemblées annuelles de la BM et du FMI, prévues à Marrakech, en octobre 2022.

Relance. Un fonds pour l’investissement

Pour faire face aux répercussions de la crise sanitaire sur l’économie nationale, l’exécutif a traduit l’opérationnalisation des orientations royales contenues dans le dernier discours du Trône à travers la mise en place d’un pacte pour la relance économique et l'emploi, afin de donner une forte impulsion à l’économie, à travers un ensemble d’objectifs majeurs communs à tous les secteurs. Ainsi le plan de relance économique prévoit l’injection de  120 milliards de dirhams dans l’économie nationale, comme annoncé par le Roi dans son discours. Cet effort financier permettra l’accompagnement des entreprises, notamment les TPME et les PME. L’objectif étant de protéger les emplois et de régulariser le statut des travailleurs auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Outre la création du fonds d’investissement stratégique qui donnera la priorité, en particulier, aux secteurs industriels orientés vers l’export, à l’agriculture, à l’immobilier, au tourisme ainsi qu’aux projets d’investissement dans les secteurs stratégiques prometteurs pour le développement humain (éducation, santé, eau, numérique, économie verte…), une attention particulière est accordée aux secteurs à fort potentiel de compensation des produits importés et aux projets générateurs d'emplois, tout en veillant à renforcer la préférence nationale. Depuis son lancement en août dernier, le ministre des Finances a toujours insisté que le fonds Mohammed VI servira à appuyer des projets d’investissement. L’Etat s’est engagé à y injecter 15 MMDH et à mobiliser des financements de l'économie à hauteur de 45 MMDH. Et puis bien évidemment l'investissement lui-même sera plus important », avait expliqué le ministre.

Une  réforme sociale en marche

Sur le volet protection sociale, le projet de loi cadre a été approuvé par le Conseil des Ministres présidé par le Roi, le 11 du mois dernier. «  Il instaure une réforme sociale qui constituera un tournant décisif dans la voie de la réforme globale du système de protection sociale au Maroc, et ceci dans le but de renforcer son impact direct sur les citoyens de manière à réduire la pauvreté, lutter contre la vulnérabilité et appuyer le pouvoir d'achat des ménages » , explique Benchaaboun . En effet, ce projet vise principalement à protéger les catégories pauvres et vulnérables et les familles à faible revenu contre les risques qui menacent l'enfance et ceux liés aux maladies, à la vieillesse et à la perte d'emploi. C’est ainsi qu’environ 22 millions des Marocains, dont 11 millions sont adhérents aux régime d’assistance médicale « RAMED », et 11 millions de professionnels, commerçants, agriculteurs, artisans et ceux exerçant une profession libérale, bénéficieront du régime de l'assurance maladie obligatoire avec les mêmes services et panier de soins dont bénéficient actuellement les salariés du secteur privé. Il est à noter que l'Etat prendra en charge les frais d’abonnement des 11 millions bénéficiaires de l'actuel régime d'assistance médicale « RAMED »appartenant aux catégories vulnérables et pauvres, avec une enveloppe annuelle de l’ordre de 9 milliards de dirhams, soit une augmentation annuelle de 7 milliards de dirhams par rapport aux dépenses liées à l'achat de médicaments dans le cadre de l’actuel régime « RAMED ». A cet effet, une enveloppe de 4,2 milliards de dirhams a été allouée au titre de la Loi de Finances pour l'année 2021. En outre, tous les ménages, en particulier les plus démunis ou ceux en situation de vulnérabilité, qu’ils aient ou non des enfants, bénéficieront d’une compensation pour se prémunir contre les risques de l’enfance ou d’une indemnité forfaitaire, et ce par le biais d’un ciblage plus efficace en adoptant le Registre Social Unique. Le soutien de ces ménages coûtera environ 20 milliards de dirhams, dont 14,5 milliards de dirhams seront versés au profit des ménages pauvres au titre des indemnités familiales

Dans la même perspective, la loi-cadre prévoit l’élargissement de la base des adhérents au système de retraite pour y intégrer les personnes qui travaillent et qui ne bénéficient d'aucune pension, à travers l’accélération du rythme de la mise en œuvre du système de retraite pour les catégories des professionnels, des travailleurs indépendants et des personnes non salariées exerçant une activité libérale. Ceci sera conjugué à la généralisation de l’accès à l’indemnité pour perte d’emploi pour inclure toute personne ayant un emploi permanent, en simplifiant les conditions requises pour bénéficier de cette compensation et en élargissant son utilisation. « Nous sommes entrain de mettre en œuvre un projet sociétal sans précédent, qui nécessite la mobilisation d'environ 51 milliards de dirhams annuellement, et qui impose également de modifier plusieurs textes législatifs et réglementaires existants, de préparer de nouveaux et de lancer un ensemble de réformes structurelles qui concernent le système de santé, dont la réhabilitation des hôpitaux, l'instauration du respect du procédé de traitement, la promotion des ressources humaines et le développement du système d'information », insiste Benchaaboun qui fait référence aussi  à la réforme du système de compensation pour pouvoir remédier aux dysfonctionnements opérés  au niveau du ciblage des catégories éligibles au soutien, parallèlement à l'activation du Registre Social Unique.