BAM. 2021, année du début de la reprise

Bank Al-Maghrib a analysé l’évolution de la conjoncture économique et sociale au Maroc ainsi que les projections macroéconomiques à moyen terme. Points clés.

Selon Bank Al Maghrib , les restrictions mises en place pour contenir la propagation de la pandémie de la Covid-19, conjuguées à des conditions climatiques défavorables, ont fortement impacté la performance de l’économie nationale en 2020. La banque centrale évoque une contraction de 7% durant l’année dernière, la plus forte jamais enregistrée depuis le début de la compilation des comptes nationaux. Cette évolution reflète des replis de 8,1% de la valeur ajoutée agricole et de 6,7% de celle des activités non agricoles. Pour 2021, la BAM table sur un rebond à 5,3% avec une augmentation de 17,6% de la valeur ajoutée agricole et une progression de 3,5% de la valeur ajoutée non agricole. En 2022, la croissance serait à 3,2%, avec la poursuite attendue de la reprise des activités non agricoles et sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 75 MQx. « Ces perspectives restent toutefois entourées de fortes incertitudes liées notamment à l’évolution de la situation épidémiologique et à la disponibilité des vaccins aux niveaux national et international », souligne Bank Al Maghrib.

Reprise des exportations

Pour les échanges extérieurs, la banque centrale note une baisse en 2020 et table sur une reprise dès 2021. Dans le détail, les exportations ont baissé de 7,5% en 2020, en lien avec des replis de 9,3% des ventes du secteur automobile et de 19,2% de celles du textile. En revanche, les exportations de phosphate et dérivés ont augmenté de 3,7% et celles de l’agroalimentaire de 0,7%. Toutefois, une amélioration de la situation est attendue durant l’année en cours et celle prochaine avec un rebond de 12,6% suivi d’un accroissement de 6,2% en 2022, tirées principalement par les ventes de la construction automobile, en lien avec l’augmentation annoncée des capacités de production. Concernant, les importations, bank Al Maghrib souligne une diminution de 14,1%, résultat essentiellement des régressions de 34,7% de la facture énergétique, de 15,9% des acquisitions de biens de consommation et de 13,6% de celles des biens d’équipement. Une croissance de 13,2% est prévue par ailleurs pour 2021 tirées particulièrement par des hausses de la facture énergétique et des achats de biens de consommation, et une progression de 6% est attendue pour 2022.

Recettes des MRE en amélioration

Sur le volet recettes de voyage, les données de la BAM révèlent une chute de 53,8% à 36,4 milliards de dirhams en 2020. Une reprise graduelle est prévue tout en restant bien en deçà des niveaux d’avant crise, pour se situer à 38,1 milliards en 2021 et à 68,2 milliards en 2022. Les transferts des MRE quant à eux, se sont améliorés de 5% à 68 milliards en 2020 et devraient s’accroitre de 5,7% à 71,9  milliards en 2021 et de 2,2% à 73,4 milliards en 2022. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se serait allégé de 4,1% du PIB en 2019 à 1,8% en 2020 selon la BAM. Il devrait s’établir à 4,5% du PIB en 2021 puis s’atténuer à 3% du PIB en 2022. Pour les recettes d’IDE, elles se sont établies à 26,4 milliards, soit l’équivalent de 2,4% du PIB, d’après les données de la BAM. Elles devraient revenir à leur niveau moyen pour avoisiner 3,2% du PIB en 2021 et 2022.

Hausse de l’endettement du Trésor

Au terme de l’année 2020, l’exécution budgétaire fait ressortir un déficit, hors privatisations, de 82,4 milliards, ou 7,6% du PIB, contre 46,9 milliards ou 4,1% du PIB un an auparavant et ce, compte tenu du solde positif de 5,3 milliards du Fonds spécial de gestion de la pandémie de la Covid-19. Les recettes ordinaires ont diminué de 7,6% à 253,1 milliards, reflétant des baisses de 6,8% des rentrées fiscales (avec notamment -6,5% pour le produit de l’IR et -8,9% pour celui de la TVA), et de 12,4% de celles non fiscales (en particulier, les rentrées des monopoles et participations se sont repliées de 7,4% à 9,7 milliards de dirhams et les financements spécifiques ont totalisé 2,6 milliards au lieu de 14 milliards prévus). Les dépenses ordinaires, elles, se sont accrues de 2,1% à 255,9 milliards, sous l’effet principalement des hausses de 4,5% de la masse salariale et de 6,4% des dépenses au titre des autres biens et services, alors que la charge de compensation et les transferts aux collectivités territoriales se sont allégés respectivement de 15,8% et 8,9%. De leur côté, les dépenses d’investissement ont progressé de 18,8% à 85,9 milliards. Tenant compte des données de la loi de finances 2021 et des perspectives de croissance économique, la consolidation budgétaire devrait reprendre graduellement, le déficit hors privatisation devant s’atténuer, selon les projections de Bank Al-Maghrib, à 7,2% du PIB en 2021 puis à 6,7% du PIB en 2022. Toutefois, après une quasi-stabilité en 2019, l’endettement du Trésor aurait, selon les estimations de BAM, augmenté à 77,4% du PIB en 2020, et devrait atteindre 79% en 2021 puis 81,3% en 2022. Sa composante intérieure progresserait de 58,4% du PIB en 2020 à 58,5% en 2021 et se situerait à 60,2% en 2022. Et la dette extérieure du Trésor passerait de 19% du PIB en 2020 à 20,5% en 2021 puis à 21,1% en 2022.