L’immigration un problème mondial

Dans une chronique publiée, ce lundi 29 mars dans le quotidien espagnol La Razon et sur son site web, Ahmed Charaï analyse en profondeur le problème de l’immigration. Il appelle à l’évacuation des atavismes, des incompréhensions et des suspicions au vu des défis importants et des grandes attentes des peuples espagnol et marocain…

 

Donald Trump avait fait de la question de l’Immigration un fil rouge de son programme politique. Il avait construit un projet de mur, qu’il pensait faire financer partiellement par les pays d’Amérique Latine.

La nouvelle administration, liée à l’histoire du parti démocrate et même à l’histoire des USA, pays d’accueil, veut changer de cap. Mais elle est déjà submergée par des flots de migrants, alors que la pandémie a fortement diminué les offres d’emploi.

Joe Biden a chargé sa vice-présidente Kamala Harris de mener les négociations à ce sujet. C’est un message fort, car étant elle-même issue des minorités, cela donnera plus de crédibilité a son action.

Le problème de l’immigration est réel. Des populations, affrontant la pauvreté, parfois les guerres civiles ou celles des gangs sont attirées par le rêve américain. Elles ont fait la vitalité de la société américaine pendant des décennies. Les entreprises américaines étaient heureuses de l’abondance d’une main-d’œuvre peu couteuse. Sauf qu’aujourd’hui la situation de l’économie n'est plus la même à cause du covid.

Les niveaux de chômage sont élevés et l’acceptabilité du phénomène migratoire a baissé socialement, les phénomènes identitaires fleurissent. Avec des dizaines de millions de voix qui se sont portées sur Trump, les USA, pays de l’immigration, se retrouvent rattrapées par la question identitaire, avec un mouvement réfractaire à l’immigration.

Kamala Harris aura à négocier la gestion du flux immigratoire avec les pays émetteurs, l’objectif étant d’atteindre une jauge satisfaisante pour les pays voisins et supportables pour les USA.

Mais l’Amérique sait que ce voisinage est son espace vital. Il n’est pas question d’une possible confrontation sur la question de l’immigration, c’est entre ces lignes fines que va naviguer Kamala Harris.

Le Maroc et l"Espagne, pays amis, partenaires et proches depuis des siècles, avec une réalité géographique immuable imposant un voisinage, déterminant, car chaque pays assume une sorte d’extension de l’espace de vie par rapport à l’autre, se retrouve confronter tous deux au même phénomène de l’immigration clandestine.

Le Maroc assume des responsabilités très lourdes, qui pèsent sur ses politiques publiques, notamment par leur coût financier.  L’Espagne est impactée aussi, et lourdement, parce que c’est le pays du primo-accueil.

De la même manière, la situation géographique fait des deux pays des points de passage du trafic international de toute sortes.

Il est évident que les efforts en matière d’immigration du Maroc et de l’Espagne sont profitables à l’ensemble de l’Union européenne, destination finale de la plupart des immigrants illégaux.

Par conséquent, l’Espagne a été demandeuse de la compréhension et de la solidarité politique et financière de l’Union. La politique européenne doit être fondée sur quatre principes fondamentaux tels que la prévention à la source ; la coopération opérationnelle avec les pays d’origine et de transit ; la lutte contre les réseaux criminels de trafic de migrants et la meilleure gestion des frontières.

Le Maroc et l’Espagne entretiennent des relations fortes depuis des décennies, quelque soit le détenteur du pourvoir exécutif dans les deux pays. Car ses relations sont ancrées dans l’histoire.

Il faut évacuer les atavismes, les incompréhensions et les suspicions. Les défis sont importants et les peuples espagnol et marocain méritent le meilleur de leurs dirigeants.