Algérie : Un islamologue jugé pour ses analyses d’islamologue  
L'universitaire Sau00efd Djabelkhir du00e9fend ses analyses partout ou00f9 il passe. Ici lors de son passage u00e0 TV5.

 

Dans un entretien accordé ce mardi 30 mars au quotidien français Le Figaro, le spécialiste algérien du soufisme Saïd Djabelkhir sonne l’alerte concernant la radicalisation galopante dans son pays.

Serein, en attendant sa comparution devant la justice algérien, prévue jeudi 1er avril 2021, l’universitaire Saïd Djabelkhir est catégorique : «l'obscurantisme gagne de plus en plus de terrain en Algérie». La preuve c’est qu’il est lui-même poursuivi pour n’avoir rien fait d’autre que de faire son travail d’islamologue. Une première en Algérie !

A l’origine de son procès, affirme-t-il, « un prédicateur salafiste (qui) avait décrété une fatwa disant que ‘Yennayer’, le nouvel an berbère, était une fête païenne et que sa célébration était haram, interdite. En réponse, je rappelais que d'autres rituels existaient bien avant l'islam, tels que certains pèlerinages ». Et l’universitaire d’ajouter : « je suis ensuite accusé de nier les paroles du prophète car je considère certains haddiths comme non recevables. Par exemple celui qui dit que le prophète a conseillé à certaines tribus de boire de l'urine de chamelle à des fins thérapeutiques. Pour moi, il ne devrait pas lui être attribué ».

Autre analyse ayant vexé les adversaires de l’universitaire, sa publication concernant certains « contes coraniques » relatés dans les sourates. Il présente celui de Noé comme exemple. « Je considère qu'il faut faire la différente entre l'historique et le mythique. Eux, ils disent que tout ce qui est raconté dans le Coran est de l'Histoire avec un grand H. Je maintiens mes propos », insiste-t-il.

Paradoxalement, c’est un de ses collègues et un collectif d’avocats qui se sont ligués contre lui et ont poussé la justice algérienne à le poursuivre pour «atteinte aux préceptes de l"islam et aux rites musulmans».

Pire, de nombreuses menaces lui sont régulièrement adressées dont certaines de mort, comme le montre ce tweet de solidarité qui lui a été adressé, en mai 1999, par le journaliste, écrivain et réalisateur franco-algérien Mustapha Sifaoui.