Les transporteurs touristiques au bord du gouffre

 

 

Impayés, taux élevés pour les reports des crédits, saisie des véhicules, poursuite judiciaire enclenché par les banques et sociétés de financement pour impayés…la situation des transporteurs touristiques va de mal en pis. Ils tirent la sonnette d’alarme.

«Nous n’avons aucune visibilité sur la reprise des activités. Et la majorité des professionnels continueront à subir les répercussions de cette crise 36 mois après le retour à la normale », alerte le secrétaire général de la fédération nationale du transport touristique au Maroc (FNTT Maroc), Mohamed Bamansour qui ajoute que le secteur sombre dans l’agonie et situation des entreprises du transport touristique s’aggrave de jour en jour. «En l’absence d’une réaction de la part du gouvernement, les choses risquent d’empirer ».

En chiffres, sur les 1640 agences opérant dans le secteur, le professionnel parle de la faillite de 10% des entrepreneurs. Aussi, il évoque l’obtention d’agrément pour 160 nouvelles structures en 2020 qui n’ont même pu démarrer leur activités et sont endettés jusqu’au cou. Autre indicateur alarmant : 79% des structures sont financées par les sociétés de financement.

Saisies et poursuite judiciaires

Pour soutenir le secteur, le comité de veille économique a décidé la mise en place d’un moratoire concernant le remboursement des crédits au profit des entreprises de transport touristique.  Mais, pour Mohamed Bamansour, les banques et les sociétés de financement ne respectent pas la clause 7 du contrat programme, qui stipule que les reports sont activés sans intérêts et sans pénalités. « Les conditions de report actuelles sont calculées sur la base du taux d’intérêts initial contractuel de chaque dossier quand la demande de report est acceptée. Ce qui alourdit énormément la dette des sociétés emprunteuses qui sont déjà complètement à l’agonie », alerte Bamansour . il ajoute aussi que la fédération a reçu les réclamations de pas moins de 300 entreprises pour plus de 1400 dossiers d’emprunt. Principaux motifs d’insatisfaction : «le rejet de certaines demandes de report, le recours à des taux d’intérêts exorbitants pour les dossiers acceptés, menace de saisie des véhicules…. Pour certains opérateurs, des poursuites judiciaires sont enclenchées  par les banques et sociétés de financement pour des impayés durant cette pandémie », détaille Bamansour. Des réunions ont été tenues avec la GPBM et l’APSF. Malheureusement, « cela n’a pas aboutit à des résultats probantes », regrette Bamansour. Il souligne que plusieurs promesses ont été formulées mais elles n’ont jamais vu le jour. La FNTT Maroc sollicite aujourd’hui un arbitrage de la part de Bank Al Maghrib.

Actions urgentes

«Pour préserver le secteur, protéger les intérêts des investisseurs et soutenir les milliers d’employés et de leurs familles, des actions urgentes sont nécessaires avec l’application des décisions du contrat programme », insiste Mohamed Bamansour. Concrètement, les professionnels proposent un report avec un taux unique et solidaire garantit par la CCG à l’instar des crédits « Damane Oxygène » et « Relance » qu’ils estiment inadaptés à la nature de leur activité. «Ce taux doit être appliqué par tous les organismes de prêts et doit couvrir toute la période affectée par l’état d’urgence sanitaire du fait de la pandémie de covid-19 et ce jusqu’au rétablissement de l’état normal du secteur », préconise Bamansour. Autre recommandation, le maintien de l’indemnité forfaitaire mensuelle COVID jusqu’à la fin de la pandémie, et revoir les conditions de son octroi de façon à intégrer les employés exerçant de manière saisonnière ou ayant perdu leurs emplois avant février 2020. Concernant le volet des impôts, les transporteurs veulent une activation de la suspension de tout prélèvement ou paiement d’impôt ou charges fiscales dus durant la période de l’état d’urgence sanitaire. «Ces demandes ont déjà fait l’objet de plusieurs actions, débats et requêtes mais, à ce jour, ils n’ont pas été pris en considération », déplore Mohamed Bamansour. Pour lui, la relance du secteur n’est pas pour demain. «On sait que cette année 2021 sera encore blanche pour notre activité. Le retard de la campagne de vaccination dans certains pays, la propagation des nouveaux variants…tous ces indicateurs le prouvent. On pourra dès lors avoir un peu d’oxygène si on autorise les déplacements inter-villes au niveau du territoire national », conclut Bamansour.

 

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