« Il y a un réel changement de mode d’achat des Marocains »
Michael NacirinDirecteur gu00e9nu00e9ral du Centre monu00e9tique interbancaire (CMI)

La pandémie du Covid-19 a donné un sérieux coup de boost au commerce en ligne en 2020. Cet essor se poursuit d’autant plus que le coronavirus n’a pas encore dit son dernier mot. Analyse de l’un des principaux acteurs de l’écosystème e-commerce. 

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Selon les statistiques du CMI, une remarquable hausse des transactions en ligne a été enregistré. C’est l’effet Covid-19 ?

Michael Naciri : Depuis le début du confinement, on a effectué une accélération des paiements sur Internet, que ce soit pour le paiement de factures, mais également pour un certain nombre de produits et de services qui se sont retrouvés donc disponibles en vente à distance. C’est le cas pour le mobilier de bureau, les appareils électroniques, l’équipement de la maison, les frais de scolarité. Bref, un certain nombre de nouveaux services ont été proposés au paiement en ligne. C’est ce qui a généré cette accélération.

Je rappelle que des enseignes, qui étaient fermées pendant le confinement l’année dernière, ont elles aussi développé des canaux de distribution en ligne et ont donc généré des chiffres d’affaires en ligne. En somme, le confinement a été un catalyseur, mais cette dynamique avait précédé le confinement qui a favorisé son maintien.

A la sortie du confinement, les gens qui avaient pgoûté à l’achat à distance sont restés sur les canaux en ligne et on a vu se développer aussi, tout ce qui était livraison de Fast Food ou restauration en général.

Donc, on a eu une très bonne dynamique, assez significative en termes de nouveaux sites, de nouveaux sites marchands qui ont proposé leur paiement en ligne pour la vente de leurs produits et services. Autour de tout cela, il y a tout un écosystème qui s’est développé et qui s’est renforcé, avec par exemple, les sociétés de livraison qui sont entrées dans ce business-là. Et, soit dit en passant, la livraison est le nerf de la guerre pour tout ce qui est commerce. C’est une activité à développer.

Il y a aussi un écosystème technologique qui s’est développé avec le foisonnement de sites Internet. C’est ce qui a permis aussi le développer de nouveaux processus de vente.

Il y a une dynamique assez intéressante au Maroc, mais qui est également présente partout dans le monde. Et aujourd’hui, on a eu un réel changement de mode d’achat et de consommation des Marocains, principalement dans les grandes villes, mais aussi au niveau des villes moyennes et des villes de l’intérieur où on trouve de plus en plus d’acheteurs en ligne.

Est ce qu’on peut dire que la pandémie a accéléré les choses et il nous a montré la capacité d’adaptation du Marocain ?

Tout à fait. La pandémie a été effectivement un accélérateur. C’est à dire que ce que l’on a fait en 2020, on l’aurait fait en 2 ou 3 ans, s’il n’y avait pas eu la pandémie qui a accéléré ces usages et l’adoption de nouveaux canaux de paiement. Il ne faut pas oublier la digitalisation d’un certain nombre de services gouvernementaux, à travers le processus Egov. Il y a le e-timbre, l’écosystème du ministère de la Justice, les notaires, les architectes qui payent des services de la conservation foncière. Il y a aussi Portnet qui est également un Hub de paiement pour les entreprises, pour tous les services qui sont fournis par cette plateforme. Cela va du contrôle des produits à l’importation, au paiement des agents et des compagnies de transport maritime. Tout cet écosystème-là a également dynamisé et accéléré l’usage des paiements digitaux.

Dans le même contexte, il y a également toutes les applications des banques, donc les e-banking et les m-banking, qui ont également connu une accélération très nette de leur utilisation par les clients des banques. Par ces moyens, des factures, des taxes et des frais de scolarité sont payés, des timbres sont achetés, des permis ou des passeports son renouvelés, etc. La multitude de l’offre a accéléré l’usage de la carte bancaire ou des paiements digitaux sur Internet.

Ce processus de dématérialisation a-t-il permis d’améliorer le taux de bancarisation et d’accélérer l’inclusion financière ?

Aujourd’hui, il y a deux leviers pour accélérer le paiement sur Internet ou le paiement chez les commerçants en général. C’est d’abord l’élargissement de la base des acceptants. Et le deuxième pilier, c’est un meilleur équipement des porteurs de cartes et c’est là le travail des banques. Celles-ci font un travail d’équipement assez considérable et on peut dire que la carte bancaire a été démocratisée au Maroc. Il est nécessaire de jouer sur ces deux piliers.

Est-ce que l’écosystème suivra en termes d’aptitude à préserver la sécurité?

Que ce soit le CMI, les banques et les différents intervenants, nous somme tout à fait au point en ce qui concerne le respect des standards internationaux de sécurité sur Internet. Nous avons déjà le 3D Secure, qui est un dispositif et un mécanisme qui permet de sécuriser la transaction sur Internet, et le 3D Secure 2.0 vient renforcer davantage la sécurité.

Aujourd’hui, au Maroc, sur les cartes domestiques, on n’a aucune crainte ou aucun risque sur leur utilisation frauduleuse. L’ensemble de l’écosystème est tout à fait au point en matière de sécurité Θ