CAN 2015 - Faut-il s’inquiéter ?

Une prestation footballistique en deçà de la moyenne, des joueurs qui fuient les médias et Hassan Benabicha, coach par intérim des Lions de l’Atlas, se montre soulagé du poids d’une équipe devenue ingérable.

C’est le résumé du match amical Maroc-Gabon, joué le 5 mars à Marrakech.

Une soirée à oublier pour le public marocain.

Jusqu’à présent, la sélection nationale reste sans entraineur.

Le vide au niveau de la direction technique retarde la préparation pour les prochaines échéances.

Vu de l’extérieur, cette situation est déconcertante.

« C’est étonnant de voir autant d’improvisation de la part de la Fédération marocaine.

Les joueurs devraient se concentrer sur les aspects footballistiques uniquement », suggère Nicolas Mc Anally, journaliste sportif pour le site français foot-express.coM. Les chances du Maroc à la CAN 2015 sontelles alors compromises ?

Un pari difficile

« C’est très difficile de préparer une équipe en dix mois », nous confie un ex-sélectionneur national.

Et d’ajouter pour préciser son point de vue : « C’est jouable bien sûr, mais il faudra travailler dans la sérénité pour y arriver ».

Pour sa part, Aziz Bourderbala, star du foot marocain dans les années 80, se montre pessimiste.

« Nous n’avons pas pu préparer une équipe en dix ans, comment pourraiton le faire en dix mois », se demande l’in-ternational marocain.

Larbi Gourra, directeur technique national n’est pas de cet avis : « C’est tout à fait faisable.

Un noyau dur de joueurs existe déjà.

Dès la formation du prochain bureau fédéral, il faudra nommer un coach marocain et lui donner carte blanche pour constituer son équipe ».

D’ici le 17 janvier 2015 date du match d’ouverture de la CAN 2015, le programme de l’équipe nationale se précise (un peu) pour le reste de l’année 2014.

À la mi-mai, les Lions de l’Atlas auront une concentration de trois semaines à Lisbonne, avant de rejoindre Moscou pour un match amical avec l’équipe nationale de Russie.

À l’autonome 2014, l’équipe aura l’occasion de jouer au moins trois matchs amicaux lors des dates FIFA prévues en septembre, octobre et novembre.

Cette préparation serait-elle suffisante ?

La balle est dans le camp de la FRMF

Hassan Moumen est coach national.

Il a dirigé les Lions de l’Atlas en 2009 et 2010.

Selon lui, trois contraintes pèsent sur l’équipe nationale : « En premier, le vide que vit le foot depuis décembre au niveau de la FRMF laissera, sans aucun doute, des traces.

En deuxième lieu, les échecs successifs du football pèsent sur la psychologie des joueurs et sur le monde du football.

En dernier lieu, la méconnaissance des besoins des joueurs évoluant en Europe devient un obstacle à la formation d’une vraie équipe ».

Moumen tire les conclusions de sa propre expérience pour se projeter dans l’avenir.

« Lemerre, Fakhir, Gerets, Benabicha et moimême avons tous eu des accrochages avec les joueurs natifs en Europe, mais nous ne sommes jamais posés la question des raisons de ces malentendus », regrette-t-il.

Bouderbala estime que la résolution des conflits qui minent la stabilité de l’équipe passe par « la nomination d’un coach marocain charismatique pour redonner une aura à cette équipe nationale ».

Cette gloire du foot marocain s’indigne face à des joueurs qui n’accordent plus le respect au maillot national.

« Au-delà des stars, le Maroc a besoin d’une équipe », insiste-t-il.

Tous les spécialistes interrogés s’accordent sur deux choses.

Primo, la nécessité pour le prochain bureau fédéral de nommer un coach marocain.

« L’entraineur doit être marocain avec une expérience dans la CAN, opter pour une autre solution serait suicidaire », prévient Abdelmalek El Aziz, coach national.

Ces deux critères réduisent le choix parmi les entraineurs marocain à M’hamed Fakhir au palmarès imposant et Badou Zaki, chouchou du public depuis son exploit à la CAN 2004.

Le deuxième point sur lequel s’accordent nos techniciens, c’est l’obligation de ne pas travailler dans la précipitation.

Rappelons que le Maroc détient un record dans le changement d’entraineurs.

Neuf coachs ont dirigé la sélection en dix ans ! « Il faut arrêter de travailler dans l’urgence.

Visons des objectifs sur cinq ans minimum », appelle de tous ces voeux Bourdela.

Ce dernier considère que la priorité est « de nommer un président avec une stratégie claire et bien ficelée.

Son volet technique doit être confié aux spécialistes ».

Même son de cloche de El Aziz, « Il ne faut pas compter sur l’équipe nationale pour remporter la CAN.

Le sélectionneur ne sera nommé qu’en mai prochain, combien de temps lui reste-t-il alors pour préparer l’équipe ? », s’interroge- t-il, ironique.

Moumen fixe trois indicateurs qui permettront de mesurer la réussite de la prochaine équipe technique.

« Le premier est la méthode de travail du prochain sélectionneur, qui nous dira s’il a des chances de réussir.

Par exemple, il est inconcevable de continuer de tester des joueurs.

Au contraire, il faut raccourcir les étapes de la préparation pour gagner du temps.

Le deuxième élément est la situation des joueurs au sein de leurs équipes en début de saison.

Enfin, le troisième indicateur est la capacité du coach et son staff à constituer une équipe composée d’un mélange de joueurs venus d’horizons très différents d’Europe et d’autres évoluant en Botola.

L’objectif est de créer une alchimie entre ces joueurs pour tirer le meilleur d’eux », conclue Hassan Moumen ❚