L’Observateur du Maroc. Quel est votre premier bilan de la campagne de régularisation des migrants lancée en janvier 2014 ? Anis Birou, . La campagne de régularisation est un des trois volets prévus dans la politique migratoire annoncée le 10 novembre 2014. Avant le lancement de cette campagne, un grand travail s’est fait en amont pour préparer les conditions logistiques et former les 3000 cadres chargés d’assurer le déroulement de cette opération dans les meilleures conditions. Donc, c’est loin d’être un travail facile. À la date d’aujourd’hui, on est à 13.500 demandes déposées, dont 3.500 ont été traités et les premières cartes de séjour commencent à être délivrées. Le tout durant un délai de deux mois. Aucun pays au monde qui a lancé une opération similaire n’a une période aussi courte. C’est un record et un motif de fierté.
Les ONG représentant les migrants estiment que le taux de réponses positives est faible. Qu’en pensez-vous ?
Pour le moment, nous n’avons pas de chiffres définitifs, les demandes sont en cours de traitement. L’instruction des dossiers passe par un niveau local. En cas de refus, le demandeur de la carte peut faire appel à la commission nationale de recours. Ce qu’il faut retenir, c’est que le traitement des cas n’est pas simplement administratif, mais avant tout humain.
Quel est l’état d’avancement des deux autres volets que sont la mise à niveau juridique et la politique d’intégration ?
La mise à niveau juridique est un chantier lourd et important. Les projets de textes sur la traite des êtres humains et le droit d’asile sont pratiquement prêts. Ils seront présentés, le 27 mars, lors de la rencontre avec nos partenaires de la société civile. La révision de Notre modèle de politique d’intégration des migrants est prêt.
la loi 02-03 sur l’immigration est en cours de finalisation. Ce travail énorme a demandé la réalisation d’études comparées et a nécessité la mise à contribution de l’expertise belge et espagnole, ainsi que des spécialistes de l’Organisation internationale pour la migration (OIM). J’espère présenter ces textes avant septembre 2014. Enfin, notre modèle de politique d’intégration des migrants est prêt. Des concertations ont eu lieu avec les ministères de l’Education nationale, de l’Emploi, de la Santé et de l’Habitat. La priorité est d’assurer aux enfants de ces populations l’éducation ou l’éducation non formelle, ainsi que l’apprentissage de la langue. Les recommandations émises lors du Séminaire international sur ce sujet ont permis d’affiner le modèle marocain. En somme, en moins de 5 mois, le Maroc a réalisé un travail énorme.
Comment le Maroc gère la pression de l’Union européenne, et tout particulièrement de l’Espagne, sur ce dossier ?
La coopération avec nos partenaires est exemplaire. Nous travaillons ensemble pour sauver des vies humaines. Car le modèle marocain aspire à faire cesser les drames que connait la rive sud de la Méditerranée. Nous offrons à ces populations l’opportunité de ne pas faire cette traversée dangereuse et de s’installer au Maroc, en déposant leurs demandes de régularisation.
Est-ce qu’il y a un financement de la part de ces partenaires pour développer cette coopération ?
Une fois notre politique de migration finalisée, il sera possible de bénéficier de financement. Une promesse a été donnée dans ce sens de la part de nos partenaires ❚
Lire aussi .