Hassan Filali, CEO Honoris United Universities Maroc : «L’employabilité du lauréat est notre priorité absolue»
Hassan Filali, CEO Honoris United Universities

Tous les secteurs ont été impactés par la propagation de la pandémie du Covid-19, l’enseignement n'y a pas échappé, devenant pour sa part totalement virtuel. Comment Honoris United Universities a mené cette expérience de confinement, et comment Honoris se prépare pour la rentrée prochaine. 

Réponses du CEO de Honoris United Universities Maroc, Hassan Filali 

 

Entretien réalisé par Fatima-Zohra Jdily  

 

Comment avez-vous géré la période, difficile, du confinement ?

Il y a eu une transition qui a été assez rapide chez nous, tout simplement parce que dans certaines de nos institutions, il y avait des outils d'enseignement à distance. Nous les utilisions pour la formation continue. Donc, ils ont pu être adaptés assez rapidement. Du reste, il y a eu une mobilisation générale de la part des enseignants, des administratifs pour adopter de nouveaux outils tels que Microsoft Teams.

En tout cas, en l'espace d'une semaine, 7000 étudiants sont passés chez nous sur l'enseignement à distance. Donc, il a fallu gérer, bien sûr, certains problèmes de connectivité pour certains étudiants qui n'avaient pas une bonne connexion, certaines problématiques aussi d'équipements, certains enseignants n'avaient pas les équipements nécessaires. Dans ce cas de figure, nous avons dû ramener ces enseignants au niveau de nos campus pour qu'ils donnent leur cours aux étudiants dans les meilleures conditions.

Il y a eu aussi recours à l’enregistrement des cours qui étaient donnés en temps réel pour que, en mode asynchrone, les étudiants puissent y accéder quand ils le veulent.

Ce n’est pas tout, nous avons mis à disposition des étudiants sur la plateforme les supports de cours pour qu'ils puissent les consulter. Tout a été pour maintenir le lien entre les enseignants et leurs étudiants, avec la possibilité donnée à ces derniers de poser leurs questions, à accéder aux enseignants en cas de difficultés.

Nous avons été agréablement surpris par l'agilité de nos enseignants et de notre administration qui ont pu assez rapidement passer sur un mode qui était tout nouveau pour tout le monde.

Comment avez-vous pu régler les problèmes spécifiques des étudiants qui étaient en difficultés pour passer au mode d’enseignement à distance ?

Je rappelle d’abord qu’Honoris est la plus grande plateforme panafricaine d'enseignement supérieur dans le réseau. Nous avons deux institutions qui sont les plus grandes institutions en Afrique du Sud, qui ont 28.000 étudiants et dont l'enseignement est en permanence à distance. J’en parle parce que cela nous a aidés justement pour le suivi des étudiants avec l'enseignement à distance et nous assurer qu'il n'y ait pas de décrochage. C'est pour cela que le lien était très proche entre les enseignants, l'administration et les étudiants, et pouvait nous permettre de détecter les cas où, justement, il y avait une mauvaise connectivité, ou bien il y avait un décrochage. Une attention particulière a été accordée par les enseignants au soutien et aussi au suivi des cours. Nous avons le souci d'accompagner tout le monde, et pas seulement ceux qui ont une connectivité. Ce souci reste aussi le même pour tout ce qui est rattrapage et remédiation devant se faire à la rentrée. Il fallait bien identifier les besoins et je pense que ce travail a été fait.

Nous avons aussi le souci d'avoir des retours de la part des étudiants et pas seulement de la part de l'administration. Nous envoyons régulièrement des questionnaires aux étudiants pour leur demander leur avis sur le déroulement de leurs cours. Cela nous a permis aussi d'identifier les cas à soutenir.

Toute cela voudrait-il dire que le confinement n’était que bonheur pour tous vos étudiants ?

Pour être honnête, il y en a qui trouvaient que le confinement ne leur convenait pas, que c'était une contrainte. Bien sûr, la vie d'une université, ce n'est pas seulement les cours, c'est la vie avec les camarades, c'est la vie scolaire au sein d'un campus.

Comment vous avez justement géré la dimension concernant les cours pratiques ?

Même les enseignants, qui ont l'habitude de donner leurs cours et d'avoir cette interaction avec leurs étudiants, ont dû se réinventer pour pouvoir avoir aussi un mode d'apprentissage par projet pour les évaluations et pour tout le reste. Donc pour beaucoup de sujets, on a pu passer des travaux pratiques à des travaux par projet en groupe, même si c'était à distance. Pour d'autres, comme pour ce qui par exemple du génie industriel, d'automatisme, il y a des choses qui n'ont pas pu être assurées. Nous allons remédier en début d'année au manque de cours pratiques.

La pandémie a été aussi révélatrice de créativité. Qu’en pensez-vous ?

C'est une crise, mais en même temps, c'est aussi une chance. Les enseignants, comme l’école en général, ont dû se réinventer, revoir la manière avec laquelle ils travaillaient. Opter pour des QCM, par exemple, pour s'assurer que les apprentissages étaient acquis et le faire de manière régulière, réfléchir à des projets pour pouvoir permettre aux étudiants d'acquérir ce côté un peu plus pratique. Les TP en informatique ont été faits à distance alors que c'était plus au niveau de l'université. C'était une vague de fond qui arrivait au niveau de l'enseignement, mais en tout cas, pour nous, ça nous permet d'accélérer aussi la digitalisation. Ce n'est pas la digitalisation des cours, ça sera toujours un enseignant avec des étudiants, mais les enseignants vont devoir faire les choses différemment parce qu'ils ont beaucoup plus de moyens aujourd'hui. A travers la digitalisation, nous avons beaucoup plus de transparence en termes de gestion académique et nous avons aussi une meilleure expérience étudiant de la vie scolaire, et c'est ce que cette crise va nous permettre de faire.

Pour certains parents, l’enseignement à distance ne serait pas de la même qualité que celui physique, quelle est votre réaction ? 

C’est un enseignement à distance mais il faut réaliser que c’est toujours un enseignement avec les étudiants qui ne sont certes pas en classe, qui sont chez eux, mais c’est du présentiel, ce n’est pas de l’online, ce n’est pas de l’enseignement digital. Et donc il y a toujours cette proximité entre l’enseignant et ses étudiants, avec le souci de la progression des étudiants. Nous avons remarqué dans beaucoup de cas qu’il y avait un engagement supérieur de la part des étudiants. Certains de ces derniers, ne posaient pas de questions en classe, étaient moins engagés, je  ne sais pas si c’est dû au confinement, mais nous avons ce retour de beaucoup d’enseignants comme quoi il y avait beaucoup plus d’engagement de la part des étudiants. Je dois dire aussi que cette situation nous a été imposée par la crise. Nous avons fait au mieux pour assurer la progression et la continuité de l’enseignement. Cette crise nous a offert une opportunité de découvrir justement qu’il y avait beaucoup d’outils qui aident les enseignants et l’enseignement. Mais cela ne remplacera jamais l’enseignant. Ce sont des outils supplémentaires qui permettront justement d’avoir une meilleure expérience et un meilleur apprentissage au profit des étudiants... In fine, l’employabilité du lauréat est la priorité absolue pour nous. 

Est ce que vous avez une visibilité sur la reprise au mois de septembre prochain ?

Nous sommes, comme tout le monde, sans visibilité. Nous nous préparons à tous les scénarios. Un scénario possible est celui d’un reconfinement. On assurera dans ce cas les cours à distance, et avec beaucoup plus d’outils, parce que la crise nous a permis d’accélérer l’investissement dans le digital avec un CRM, un système d’information étudiants. Aujourd’hui, nous sommes en train d’accélérer ces investissements, juste pour avoir une expérience scolaire même à distance qui serait beaucoup plus agréable et beaucoup plus pertinente pour les étudiants. Nous avons des scénarios aussi où nous devrons assurer une distanciation. Nous travaillons aussi sur cela...