Naïma Lahbil Tagemouati et Bouthaina Azami remportent le Prix littéraire féminin Sofitel- 2e édition

La romancière Naïma Lahbil Tagemouati a remporté vendredi dernier, le 1er prix roman pour son livre « La liste ». Le prix d’auteure confirmée est revenu à l’écrivaine et journaliste Bouthaina Azami pour son 1er roman publié au Maroc « Au café des faits divers ». Invitée d’honneur de cette deuxième édition, Aïcha Ech-Chenna, pour son cri de coeur, « À haute voix ».

L’Observateur du Maroc. Votre sentiment après avoir gagné ce prix ?

Naïma Lahbil Tagemouati. Je suis très contente d’avoir remporté ce prix. Pour moi, c’est une sorte de reconnaissance sympathique, surtout que mon livre parle du déterminisme social, dans le Maroc d’aujourd’hui (est ce que l’ascenseur social fonctionne ou pas et y a-til une possibilité d’évolution ou est ce que quand on est né dans un bidonville, on est assigné à y rester pour toujours ?) Je pense que lorsqu’on naît dans un douar, même si on est intelligent, brillant et qu’on fait des études, on n’y échappe pas. Pourtant, Fatima,

mon héro principal, qui vit dans un bidonville croit dur comme fer qu’elle peut évoluer et ne baisse jamais les bras. En face d’elle, elle a un mari

fataliste qui pense que tout est joué. Ces deux personnages représentent deux positions : être l’acteur de sa propre vie ou subir les pressions, les conditions sociales et les contraintes.

Comment trouvez-vous la femme marocaine d’aujourd’hui ?

Actuellement, j’ai l’impression que les femmes autour de moi sont extrêmement combatives, bien plus que les hommes. Elles ont plus la niaque ! J’observe cela notamment chez les jeunes filles, comme si les femmes avaient  quelque chose à prouver, et du coup, elles se surpassent alors que les hommes sont plus tranquilles puisqu’ils n’ont plus rien à prouver.

 

[caption id="attachment_10193" width="300"] BOUTHAÏNA AZAMI, PRIXD’AUTEURE CONFIRMÉE POUR « AUCAFÉ DES FAITS DIVERS »[/caption]

Votre sentiment d’avoir remporté ce prix ?

Bouthaïna Azami. Ça me fait plaisir parce que j’ai vécu 30 ans en Suisse, ça fait 3 ans que je suis à Casablanca. Mes 4 premiers romans ont été publiés à Paris, donc, j’avais l’impression d’être plus connue à Paris, Genève ou Bruxelles qu’au Maroc. C’est une belle reconnaissance, c’est un honneur pour moi et je me sens vraiment faire partie de ce pays, je me sens chez moi.

Un mot sur le livre ?

Mon livre parle de la rencontre à Genève de plusieurs personnages qui sont dans la même solitude et dans des mémoires douloureuses. Et malgré qu’ils viennent d’univers différents, et malgré le mutisme, ce qui les unit, c’est cette mémoire qu’ils savent lourde chez les uns comme chez les autres, et c’est cet amour qu’ils vont se porter qui va être quelque part, salvateur malgré le suicide de l’un d’entre eux à la fin du livre. Ce qui vous a inspiré pour l’écriture du livre? Je ne suis pas dans l’autobiographie, parce que j’essaie de recréer les silences que je ressens chez les autres, donc, je réinvente le silence avec les points d’appui. Le côté autobiographique, c’est cette émotion que j’ai reçue très violemment en rencontrant à Genève des gens qui ont vécu des situations, des génocides (Rwanda), de dictature militaire en Argentine… Ce qui m’a frappé, c’est le mutisme qui les frappe, ce mutisme là, j’avais envie de le mettre en scène, c’est une sorte d’hommage à tous ces gens, et je dédie d’ailleurs ce livre à un ami qui s’est suicidé dans des circonstances de guerre civile dans son pays .

 

 

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