NIGERIA : Le président dans la tourmente suspend le chef de la Banque Centrale

Le président Goodluck Jonathan a suspendu le gouverneur de la banque centrale nigériane dont les révélations de graves irrégularités dans la gestion de la compagnie pétrolière nationale impliquant des milliards de dollars ont embarrassé le gouvernement, enflammé l’opinion publique et déstabilisé les investisseurs étrangers.

Selon un communiqué publié par la présidence, le mandat de M.Sanusi « a été marqué par plusieurs imprudences et des manquements en matière de finance ».

La suspension qui a été interprétée par les analystes comme étant surtout de nature politique, a entrainé des turbulences sur les marchés nigérians.

Quand à la monnaie, le naira, elle a brièvement chuté à un plus bas record.

Les marchés obligataires et monétaires locaux ont été paralysés.

Les convulsions du Nigeria ont aggravé les inquiétudes des investisseurs étrangers par rapport aux autres « marchés frontières » qui risquent d’être vulnérables à de nouvelles turbulences financières.

« De l’Argentine, au Kazakhstan, en passant par l’Ukraine et le Nigeria, le flux des nouvelles ce mois-ci indique que les pays émergents ressemblent à un refuge relativement sûr », a déclaré Charlie Robertson, économiste en chef chez Renaissance Capital à Londres.

Chacun de ces pays fait face à ses propres défis, mais ils ont tous lutté contre la fuite des capitaux.

Jusqu’à présent, les marchés frontières sont restées largement épargnés par le sell-off qu’ont subis les marchés émergents dont notamment l’Inde et le Brésil.

Mais l’instabilité politique pourrait changer les perspectives.

Dambisa Moyo, ancien économiste de Goldman Sachs et auteur de best-sellers qui siège au conseil de plusieurs multinationales, a déclaré que le moment de prendre une telle décision n’était vraiment pas approprié alors que les investisseurs sont déjà en train de se retirer des marchés émergents.

La suspension de M.Sanusi intervient quelques jours après sa présentation de preuves détaillées devant une commission d’enquête du Sénat concernant une fraude et irrégularité présumés au sein de la Société pétrolière nationale nigériane (NNPC).

Il a indiqué que, bien que la production de pétrole ne soit que légèrement en baisse et que les prix restent stables, le Nigeria a pourtant perdu jusqu’à 1 milliard de dollars par mois.

Les allégations du gouverneur ont exaspéré M.Jonathan et d’autres membres du gouvernement, y compris Ngozi Okonjo-Iweala, la ministre des Finances et de l’économie.

Néanmoins, les hommes d’affaires nigérians, les analystes et même certains conseillers du gouvernement ont exprimé leur inquiétude face aux dommages potentiels liés au retrait du gouverneur réputé pour sa franchise sur la confiance des investisseurs, étant donné le rôle important qu’il a joué dans l’établissement de la crédibilité du Nigeria comme un marché frontière