CHINE : Soupçons de manipulation du renminbi

Le renminbi (devise nationale chinoise, appelée aussi Yuan) a subi sa plus forte baisse hebdomadaire contre le dollar américain depuis que la Chine a réformé son système de taux de change en 2005.

Certains économistes ont qualifié cette démarche d’avertissement de la Banque centrale chinoise aux spéculateurs monétaires.

Le renminbi a marqué son septième jour de baisse, glissant de 0,02% par rapport au dollar pour clôturer à 6,1244.

Il avait atteint son plus bas niveau depuis début août dans le trading intra journalier.

Une théorie communément avancée par les économistes et les investisseurs laisse entendre que la Banque populaire de Chine (People’s Bank of China) a conçu la dépréciation en raison de son inquiétude déclenchée par les entrées massives de capitaux ces derniers mois.

Selon cette thèse, l’institution a voulu démontrer aux marchés que le trading de devises n’était pas un pari garanti.

Les analystes avaient prévu une poursuite de l’appréciation depuis la fin de 2012.

Néanmoins, la Banque centrale chinoise a utilisé sa première déclaration officielle sur l’affaiblissement brusque de la monnaie du pays pour dire que le sell-off était attribuable aux forces du marché et ne doit pas être sur-interprété.

L’Administration d’Etat du Commerce Extérieur (SAIC), un organisme relevant de la Banque centrale, ne reconnaît aucun rôle dans l’orientation de la monnaie.

« Le récent mouvement du taux de change du renminbi est le résultat des acteurs du marché adaptant leurs stratégies de négociation à court terme », a indiqué la SAIC.

« Le degré de volatilité des taux de change est normal par les normes des marchés développés et émergents ».

Après d’énormes investissements et flux commerciaux au début de l’année, il y avait une nette inversion de la tendance en février, selon China Financial News, un journal de la banque centrale.

« L’appétit du risque a légèrement fléchi en raison des données de croissance plus faibles que prévu.

En outre, les inquiétudes au sujet du marché immobilier ont augmenté », a déclaré Peng Wensheng, économiste au groupe de recherche China International Capital Corp.

Toutefois, l’emprise de la Banque centrale chinoise sur le taux de change devient une évidence.

Lorsque la monnaie a commencé à chuter la semaine dernière, c’était cette institution financière qui a réduit progressivement son taux de référence quotidien, tandis que les banques et les entreprises ont continué à échanger à un niveau plus élevé.

Ce fût seulement au cours des deux derniers jours que le taux de change négocié sur le marché a chuté en dessous du taux quotidien fixé par la Banque centrale.

Un signe indiquant que Pékin a, pour l’instant, réussi à briser au moins une partie des paris perdus sur l’appréciation.

La Chine a fait l’objet d’immenses flux de capitaux au début de cette année, selon les données publiées mardi par la Banque centrale.

Les banques ont acheté des devises étrangères à hauteur de 73 milliards $ sur le marché onshore de leurs clients qui voulaient du renminbi en janvier, un montant mensuel record.

Les entrées se sont accélérées depuis le milieu de l’année dernière, lorsque les immenses réserves de change chinoises ont augmenté de 500 milliards à 3.8 trillions de dollars